Sénégal : quand Dakar devient Dak’Art
La Biennale de l’art africain contemporain de Dakar – Dak’art – a été lancée vendredi par la Premier ministre, Aminata Touré. Et confirme la domination du Sénégal sur ce domaine en Afrique subsaharienne.
C’est parti ! Malgré les habituels petits couacs au démarrage – l’exposition internationale, clou du spectacle, n’ouvrira ses portes que le 10 mai, avec une journée de retard sur le programme – la 11è Biennale de l’art africain contemporain de Dakar (Sénégal) a été officiellement lancée ce 9 mai par la Premier ministre, Aminata Touré.
Plus de cinquante pays représentés, plusieurs centaines d’expositions si l’on prend en compte le très dynamique "off", cette édition est déjà riche de promesses et devrait confirmer la place prépondérante qu’occupe en Afrique subsaharienne le pays des sculpteurs Ndary Lô et Ousmane Sow ou du peintre Soly Cissé. Rencontres, débats, expositions, hommages aux artistes disparus, le programme de ce mois d’art est plus que chargé – et personne ne s’en plaindra.
Pour le ministre de la Culture du Maroc, Mohamed Amine Sbihi, "grâce à la volonté politique du Sénégal, le Dak’Art est devenu le rendez-vous incontournable de l’art et de la culture, réunissant l’Afrique culturelle sans négliger une nécessaire ouverture sur le monde. "
Des politiques culturelles manquant d’ambition ?
Mais faut-il s’en contenter ? Certainement pas. C’est en tout cas l’avis de certains intervenants qui ne comptent pas laisser passer cette occasion exceptionnelle de s’exprimer sur l’importance que devrait revêtir la culture en général et l’art en particulier au sein des politiques gouvernementales. Ainsi Thérèse Diatta, la présidente du comité d’orientation de la biennale, tout en saluant l’investissement durable du Sénégal, n’a pas mâché ses mots : "Malgré les promesses faites par le président Macky Sall, le Sénégal n’a toujours pas de musée d’art contemporain qui pourrait, par exemple, permettre de sauvegarder pour la postérité les œuvres de Moustapha Dimé, aujourd’hui revenues à Dakar et longtemps mises en dépôt au sein de la fondation Blachère."
Poursuivant sur sa lancée, elle a rappelé les riches heures du "Musée Dynamique" qui avait en son temps accueilli les peintures de Marc Chagall, Pablo Picasso, Pierre Soulages ou encore Iba Ndiaye, avant de devenir… le siège de la Cour suprême. Réponse d’Aminata Touré, Premier ministre : "Comme l’a souligné le président Macky Sall lors de son plaidoyer en Casamance en faveur du patrimoine culturel, il faut placer la culture au cœur du développement économique et social du pays. Nous nous engageons aujourd’hui à ce que chaque collectivité locale soit dotée d’un musée, d’un théâtre, d’un cinéma. Pour nous, la culture est aussi nécessaire au genre humain que la biodiversité dans l’ordre du vivant." Seuls les malentendants n’auront pas entendu…
En attendant que ces promesses débouchent sur des actions concrètes, les lauréats des différents prix offerts par la Biennale ont été annoncés par le commissaire d’exposition algérien Abdelkader Damani, représentant le jury.
Les lauréats de la Biennale 2014 :
Grand prix Leopold Sédar Senghor, offert par le président de la république du Sénégal :
Driss Ouadahi et Olu Amoda (ex-aequo)
Prix du ministère de la culture et du patrimoine
Justine Gaga
Prix de l’Organisation internationale de la Francophonie
Sidy Diallo
Prix de la ville de Dakar
Faten Rouissi
Prix de la fondation Blachère
Milumbe Haimbe
Prix Oumar Ndao pour la biennale de l’art contemporain
Amary Sobel Diop
Prix de l’UEMOA
Guibril André Diop
Prix du studio national des arts contemporains
Nomusa Makhubu
Prix du Centre soleil d’Afrique
Houda Ghorbel
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