Nigeria : Goodluck Jonathan demande l’aide de Washington pour lutter contre Boko Haram
Alors que démarre une campagne internationale pour la libération des 223 lycéennes enlevées par Boko Haram, le président nigérian a indiqué dimanche avoir demandé la coopération de ses voisins et de nombreux pays occidentaux, au premier rang desquels les États-Unis.
Le pays le plus riche d’Afrique avouerait-il son incapacité à régler seul ses problèmes sécuritaires face à Boko Haram ? "Nous parlons à des pays dont nous espérons une aide (…) Les États-Unis sont numéro un. J’ai déjà parlé deux fois avec le président Obama", a expliqué dimanche le président nigérian au cours d’un entretien radio-télévisé depuis la capitale fédérale Abuja. Goodluck Jonathan a également précisé que d’autres pays occidentaux comme la France, le Royaume-Uni et la Chine avaient été approchés et que la coopération des pays voisins comme le Cameroun, le Tchad, le Niger et le Bénin avait été demandée.
Ces déclarations interviennent alors qu’une campagne internationale vient de débuter pour la libération des 223 étudiantes enlevées par le groupe islamiste Boko Haram, le 14 avril. Des manifestations ont eu lieu ces derniers jours au Nigeria et dans plusieurs pays, notamment à New York, où des dizaines de Nigérians ont demandé que des actions plus conséquentes soient entreprises.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait promis samedi que les Etats-Unis feraient "tout ce qui est possible" pour aider le Nigeria dans cette affaire. La dernière intervention est venue de la Fondation Malala, une organisation présidée par la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai, qui milite en faveur de l’éducation des filles. "Malala est solidaire des Nigérians et des gens dans le monde qui appellent à l’action pour #Rameneznosfilles (#BringBackOurGirls, le hashtag consacré à l’affaire sur Twitter).
"Moment d’épreuve"
Goodluck Jonathan a donné dimanche l’ordre de "tout faire" pour obtenir leur libération. "Nous promettons que les jeunes filles, où qu’elles se trouvent, seront sûrement libérées", a-t-il ajouté. "C’est un moment d’épreuve pour notre pays (…), c’est douloureux".
Le président nigérian a en outre rencontré dimanche – pour la première fois – tous les responsables directement concernés par les enlèvements.
Le président nigérian a en outre rencontré dimanche – pour la première fois – tous les responsables directement concernés par les enlèvements : chefs des services de sécurité et militaire, hauts responsables gouvernementaux, gouverneur et représentants de l’État de Borno (nord-est), chef de la police de cet État et responsable des enseignants de l’école de Chibok (nord-est) où les jeunes filles ont été enlevées.
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Le gouvernement nigérian a également annoncé la mise en place d’un comité, présidé par un haut général de l’armée, pour le conseiller sur les méthodes à employer pour libérer les lycéennes, âgées de 16 à 18 ans. Par ailleurs, un journal nigérian a publié dimanche l’interview de deux jeunes filles ayant réussi à s’enfuir.
Premiers témoignages de rescapées
"Ils sont entrés dans notre école et nous ont fait croire qu’ils étaient des soldats", a rapporté l’une des deux lycéennes, Thabita Walse, au Sunday Punch. "Ils portaient des uniformes militaires, a-t-elle affirmé. Quand nous avons découvert la vérité, il était trop tard et nous ne pouvions plus faire grand chose". "Ils criaient, ils étaient grossiers, a ajouté sa camarade Amina Sawok, c’est pourquoi nous avons compris que c’était des insurgés". "Puis, ils se sont mis à tirer et ont mis le feu à notre école".
Les deux écolières racontent comment elles ont eu le courage de sauter du camion qui les emportait. "Notre véhicule a eu un problème et ils ont dû s’arrêter. J’en ai profité avec quelques autres filles pour courir et nous cacher sous des buissons", a raconté Thabita Walse. "Je vais bien et je suis très solide physiquement, a déclaré Thabita Walse, mon seul problème est que des amies à moi restent aux mains des terroristes".
Boko Haram, qui revendique la création d’un Etat islamique dans le nord du pays le plus peuplé d’Afrique, s’est radicalisé en 2009, prenant pour cible des écoles, des églises, des mosquées et des symboles de l’Etat et des forces de l’ordre depuis. Le mouvement déjà fait 1 500 morts depuis le début de l’année.
(Avec AFP)
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