Lilian Thuram : « Il n’y a pas de sujet tabou, on peut et on doit parler de tout »

Invité aux 72 heures du livre de Conakry, l’ancien footballeur français Lilian Thuram est venu assurer la réédition de son essai « Mes étoiles noires, de Lucy à barack Obama ». L’occasion, dit-il, de « questionner et d’ouvrir le débat » sur les thèmes qui lui tiennent à coeur. Rencontre.

« Doit-on juger les gens sur la couleur de peau, la religion, l’ethnie, le genre ou la sexualité ? » © AFP

« Doit-on juger les gens sur la couleur de peau, la religion, l’ethnie, le genre ou la sexualité ? » © AFP

Publié le 30 avril 2014 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Malgré l’épidémie d’Ebola qui sévit en Guinée – et contrairement à beaucoup d’invités étrangers – vous avez tenu à participer aux 72h du Livre de Conakry, du 23 au 25 avril. Pourquoi ?

Lilian Thuram : C’était important pour moi d’être là, tout simplement. On entend effectivement beaucoup de choses dans la presse, mais on sait aussi que cette dernière n’est pas toujours réaliste. Souvenez-vous du traitement médiatique de la crise des banlieues en 2005 par les télévisions américaines… On avait l’impression que la France était en pleine guerre civile ! Dans le cas de la Guinée, il faut donc relativiser les choses. Certes, il y a des gens malades, mais ceux-ci sont traités dans les hôpitaux et les modes de transmission de la maladie sont très spécifiques.

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Vous êtes venu, entre autres, pour présenter une nouvelle version de Mes étoiles noires, de Lucy à Barack Obama, ouvrage sorti en France en 2010, qui retrace le parcours de grandes personnalités historiques noires. Pourquoi cette réédition ?

Elle est principalement due à la volonté d’éditeurs africains qui ont voulu le faire découvrir sur le continent. Nous avons travailler avec eux, au travers de la fondation – [Fondation Lilian Thuram – Education contre le racisme, NDLR] pour que cet ouvrage soit vendu à un prix accessible dans une douzaine de pays africains et en Haïti. 

Comment est accueilli l’ouvrage par les différents publics africains ?

Comme en France, il y a beaucoup d’étonnement par rapport aux différents personnages, à leurs histoires, à leurs parcours. Que ce soit en Afrique ou en Europe, ces derniers sont pour la plupart presque inconnus. Et cela nous amène à questionner nos imaginaires à tous.

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En Guinée, vous n’avez pas hésité à aborder, devant des salles pleines, des sujets sensibles comme le sexisme, l’homophobie, l’ethnocentrisme. Pour vous, on peut parler de tout et partout ?

Il n’y a pas de sujet tabou. On peut parler de tout et on doit parler de tout. Je ne prétends pas détenir la vérité et ne m’attends pas non plus à obtenir l’unanimité en discutant de ce type de sujets. Seulement, il faut mener certaines réflexions : "Doit-on juger les gens sur leur couleur de peau, leur religion, leur ethnie, leur genre ou leur sexualité ?"

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Il n’y a pas de précautions à prendre, il s’agit de questionner et d’ouvrir le débat. Il n’y a pas non plus de contexte plus ou moins approprié. Lorsqu’il a fallu donner la liberté aux esclaves, ou le droit de vote aux femmes, il y a en toujours eu pour dire que ce n’était pas le moment. C’est la même chose aujourd’hui pour le droit des homosexuels.

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Propos recueillis à Conakry par Haby Niakaté

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