Éthiopie : 9 journalistes et blogueurs interpellés pour « activités criminelles graves »
La police éthiopienne a procédé mardi à l’arrestation de neuf journalistes et blogueurs, accusés « d’activité criminelle grave » par le gouvernement.
C’est une nouvelle fois la liberté d’expression qui est malmenée en Éthiopie. Selon les autorités éthiopiennes, les neuf blogueurs et journalistes qui ont été arrêtés sont accusés d’"activités criminelles graves". Mardi 29 avril, le porte-parole du gouvernement éthiopien, Getachew Reda, a justifié sans plus d’explication à l’AFP "qu’ils sont suspectés de crimes graves et que la police enquête".
En revanche, le blog Zone 9, inaccessible en Éthiopie, a déclaré que "six de ses contributeurs et trois journalistes indépendants ont été arrêtés les 25 et 26 avril et inculpés pour avoir travaillé avec des militants des droits de l’Homme étrangers (…) et avoir incité à la violence via les médias sociaux pour déstabiliser le pays".
Le comité de protection des Journalistes (CPJ) a réagi à cette affaire en déclarant que c’était l’une des "pires opérations de répression de la liberté d’expression en Éthiopie". Pour Amnesty International, l’événement s’inscrirait dans "une tendance déjà ancienne d’arrestations et de harcèlement de militants et défenseurs des droits de l’Homme, de journalistes et d’opposants".
Human Rights Watch (HRW) s’est également mobilisé pour réclamer la libération des neuf journalistes et blogueurs. La directrice-adjointe de l’ONG de défense des droits de l’Homme, Leslie Lefkow, a constaté que "une fois encore quiconque critique le gouvernement éthiopien est réduit au silence".
L’arrivée du secrétaire d’Etat John Kerry relance le débat
Ces arrestations se produisent la même semaine que le début de la tournée en Afrique du secrétaire d’État américain John Kerry. Et pour la directrice-adjointe de HRW, "le moment choisi pour ces arrestations – quelques jours avant la visite du secrétaire d’Etat américain – est éloquent en ce qui concerne le mépris de l’Éthiopie pour la liberté d’expression". Ce sujet devrait être abordé durant la rencontre à Addis abeba avec le gouvernement éthiopien.
>> Lire aussi : deux journalistes emprisonnés nominés pour le prix Sakharov 2013
En Ethiopie de nombreux journalistes, militants ou encore opposants ont subi le même sort. Ainsi, dans leurs revendications, les militants de HRW incitent John Kerry à demander "la libération de tous les militants et journalistes arbitrairement arrêtés ou condamnés au cours de procès inéquitables".
Du point de vue du gouvernement, les arrestations sont justifiées par la loi antiterroriste très controversée appliquée en Éthiopie. Son caractère vague permet de censurer la liberté d’expression et de museler les opposants.
Cependant, des manifestations encadrées par la police ont été autorisées dimanche pour 200 membres du parti Semayawi. Ce parti est l’une des rares formations d’opposition en Éthiopie. Après l’arrestation d’une vingtaine de ses militants, celui-ci réclame plus de liberté et une vraie démocratie.
(Avec AFP)
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