Salon littéraire : Genève, capitale africaine
Fort du succès de son Salon africain, le Salon du livre et de la presse de Genève qui se tient du 30 avril au 4 mai inaugure un Pavillon des cultures arabes. Deux événements qui risquent bien de devenir incontournables pour la création littéraire, philosophique et poétique du continent.
C’est à une Afrique plurielle que le Salon du livre et de la presse de Genève (Suisse) donne la parole du 30 avril au 4 mai. Ce rendez-vous annuel accueille 750 maisons d’édition, 800 auteurs et près de 100 000 visiteurs. Événement littéraire au "format hybride, mi-salon mi-festival" selon sa présidente, la pétillante Isabelle Falconnier, cette rencontre propose, pour la onzième année consécutive l’une des plus importantes manifestations européennes qui met en lumière la richesse et la diversité des littératures du continent. À la tête du Salon africain qui se penchera cette année sur les "Multiples Afriques !", l’écrivaine suisse Pascale Kramer et le critique littéraire congolais Boniface Mongo-Mboussa, à qui l’on doit récemment la réédition des œuvres complètes de Tchicaya U Tam’si chez Gallimard.
Invités prestigieux
Le duo a choisi de donner à voir un continent qui se décline au pluriel : "Afrique noire, blanche, métisse, Afrique politique, philosophique, Afrique d’hier et d’aujourd’hui, Afrique anglophone et francophone, Afrique homosexuelle, féministe, l’Afrique d’Afrique, des îles et d’ailleurs…" seront l’occasion de nombreux débats organisés durant cinq jours, avec de prestigieux invités, parmi lesquels notamment celui qui est considéré comme l’un des pionniers de la littérature africaine, Cheikh Hamidou Kane. À ses côtés, les visiteurs pourront également rencontrer le philosophe Souleymane Bachir Diagne, les écrivains Kamel Daoud, Scholastique Mukasonga, Nii A. Parkes, Helon Habila, et bien d’autres. Mais aussi des éditeurs africains, comme Layla Chaouni de la maison marocaine Le Fennec, Sofiane Hadjadj, des éditions algériennes Barzakh. Le Cameroun sera particulièrement représenté avec notamment Marcelin Vounda Eto à la tête des mythiques Éditions Clé, qui fêtent leur cinquantenaire, mais aussi avec Calixthe Beyala, qui vient de publier Le Christ selon l’Afrique (voir J.A. n°2779), Hemley Boum, ainsi que la lauréate 2013 du prix Femina Léonora Miano et Mutt-Lang tous deux finalistes aux côtés de Patrice Nganang (La saison des prunes) pour le renommé prix Kourouma qui sera décerné le 2 mai.
Grande nouveauté pour cette vingt-huitième édition : Genève accordera une place de choix aux auteurs du Maghreb et du monde arabe à travers un inédit Pavillon des cultures arabes que Younes Ajarrai a voulu lui aussi "pluriel". "Il s’agit, explique l’intellectuel marocain, de donner à voir cette culture arabe qui est parfois ostracisée, mal comprise. La programmation regroupe une cinquantaines d’auteurs de dix pays arabes et d’Europe, des grands noms mais aussi une jeune génération qui interroge de nouvelles écritures. Ce sont des hommes et des femmes créateurs, des hommes et des femmes debouts." Au programme : débats littéraires, hommages aux grandes figures des lettres arabes comme Mahmoud Darwich, Naguib Mahjoub ou Driss Chaïbi, et au peuple syrien, récitals de poésie, et une grande interrogation : "Et si les révolutions arabes étaient des révolutions culturelles, plutôt que tout ce qui a été dit ?"
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Séverine Kodjo-Grandvaux
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