Jean-Paul II, Jean XXIII… Comme eux, devenez un saint de l’Église catholique en 5 étapes !
Jean-Paul II et Jean XXIII seront canonisés dimanche. Pourquoi pas vous ? Voici le mode d’emploi pour devenir un saint de l’Église catholique.
Dans l’Église catholique, il n’y a pas plus haute consécration. Jean-Paul II et Jean XXIII vont être canonisés, dimanche 27 avril, par leur successeur, l’actuel souverain pontife, François. En théorie, le parcours du sanctifié est assez simple. En théorie seulement. Suivez le guide…
Étape 1 : la mort
Oui, ce n’est pas l’étape la plus agréable du parcours, on vous l’accorde. Mais si vous voulez être canonisé, c’est un passage obligé. Il faut savoir ce que l’on veut.
Étape 2 : le "vénérable"
C’est l’épreuve la plus simple à franchir. La seule contrainte : ne jamais s’être écarté de son vivant du chemin tracé par la foi et avoir constamment fait le bien autour de soi. Une évidence. Reste ensuite à faire ouvrir un "procès en béatification". Pour cela, tout baptisé peut adresser pour vous une demande à son diocèse, individuellement ou en groupe. Un conseil : mieux vaut rassembler une foule d’admirateurs pour plaider votre cause, jusqu’à ce qu’elle soit examinée par une équipe d’enquêteurs présidée par l’évêque local.
Il s’agit d’estimer la "réputation" du candidat. Si on ne trouve toujours rien à vous reprocher, le statut de "serviteur de Dieu" et de "vénérable" vous est octroyé. Un véritable sésame sur le chemin de croix vers la canonisation. Petit détail : il existe un raccourci, certes douloureux, pour accéder à ce premier grade : mourir en martyr.
Étape 3 : le "bienheureux"
On entre dans la partie plus difficile du parcours (après la mort). D’abord, l’affaire ne se traite plus au niveau local mais prend la direction du Vatican. C’est désormais Rome, la ville éternelle et sa Congrégation pour les causes des Saints qui va s’occuper de votre dossier. Estampillé "vénérable", vous êtes désormais postulant au statut de "bienheureux", ce qui n’a l’air de rien au premier abord.
Élément essentiel : être à l’origine d’un miracle – qui tienne la route, de préférence. Car son authenticité va être examinée par les équipes du promoteur de la foi, autrement appelé "l’avocat du diable", via un dossier de plusieurs milliers de pages, le "positio". Vos soutiens peuvent se contenter d’annoncer une guérison miraculeuse mais ce n’est pas conseillé. Trop banal. Si le tribunal valide la proposition, comme il l’a fait avec celle concernant Jean-Paul II, qui aurait guéri une religieuse française du cancer, vous pouvez passer à l’étape suivante.
Étape 4 : le "béatifié"
Vous pensiez être arrivé au bout de vos peines ? Ce n’est pas le cas. Une fois atteint le grade de "bienheureux", il vous faut encore franchir une nouvelle marche et… valider un deuxième miracle. La béatification est le passage obligé avant la canonisation, la dernière étape. Souvent, le parcours s’arrête ici, dans l’antichambre des sanctifiés.
Nota bene : Béatifié, vous pouvez être l’objet d’un culte public, mais uniquement s’il est limité à un lieu ou à une famille. Rien d’universel. Aucun jour de l’année ne vous est encore consacré. Aucune relique ne vous est associée.
Étape 5 : le "sanctifié"
On garde le meilleur pour la fin. Le plus politique, aussi. Car tout dépend du pape en exercice, qui choisit, ou non, de valider un dossier, parfois par pur intérêt. Jean-Paul II, en son temps, a utilisé la canonisation comme une récompense, notamment dans les pays de l’Est, après la chute du mur de Berlin. Il s’est également beaucoup servi de ce levier pour mettre l’accent sur des pays où le catholicisme était en perte de vitesse, comme le Brésil notamment.
Les normes habituelles imposent un délai de cinq ans d’attente entre la mort et l’ouverture du procès en canonisation. Sauf exception, comme pour Mère Teresa, qui n’aura attendu que deux ans. Autre raccourci : le "Santo subito !", qui, comme son nom l’indique, est une voie directe vers la canonisation express (ce qui n’exempte pas forcément des quatre premières étapes). Pour rappel, c’est ce que la foule avait scandé place Saint-Pierre quelques heures après le décès de Jean-Paul II, en 2005. Il aura fallu 9 ans au Polonais pour devenir un saint de l’Église catholique. Jean XXIII a quant à lui été béatifié en 2000, il aura donc eu besoin de quatorze années. D’autres ont eu moins de chance… Ils attendent depuis des siècles.
Alors, êtes-vous en odeur de sainteté ?
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Par Mathieu OLIVIER
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