Les quatre journalistes otages en Syrie sont de retour en France

Libérés le 19 avril, les quatre journalistes qui avaient été faits otages en Syrie dix mois auparavant ont regagné la France dimanche. Ils ont décrit des conditions de détention difficiles et parfois violentes.

Les journalistes Didier François (gauche), Edouard Elias (centre) et Nicolas Hénin (droite) à Vi © ADP/Thomas Samson

Les journalistes Didier François (gauche), Edouard Elias (centre) et Nicolas Hénin (droite) à Vi © ADP/Thomas Samson

Publié le 21 avril 2014 Lecture : 3 minutes.

Les journalistes libérés samedi sont arrivés en hélicoptère dimanche en début de matinée à l’aéroport de Villacoublay. L’appareil venait de la base militaire d’Evreux où l’avion qui les ramenait de Turquie s’était posé un peu plus tôt.

Amaigris mais souriants et les visages débarrassés de leurs barbes, les quatre hommes ont embrassé le chef de l’Etat, accompagné du ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, avant de se jeter dans les bras de leurs familles.

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C’est "un jour de joie pour la France", a lancé le président. "La France est fière d’avoir pu obtenir qu’ils soient aujourd’hui libres", mais "il y a encore des otages en Syrie, retenus parce qu’ils sont journalistes". Ils seraient une vingtaine, selon M. Fabius.

"Ca a été long, mais on n’a jamais douté", a déclaré le grand reporter d’Europe 1 Didier François. "De temps en temps, on avait des bribes, on savait que tout le monde était mobilisé… On a vraiment cette chance d’être Français", a-t-il ajouté, lors d’une brève déclaration, interrompue par un sanglot.

Les quatre hommes ont ensuite gagné le salon d’honneur, avec leurs proches, puis se sont rendus à l’hôpital militaire du Val de Grâce pour y subir des examens médicaux. Au total, ils seront restés otages pendant plus de dix mois de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), l’un des groupes jihadistes les plus radicaux en Syrie.

Des conditions de détention difficiles

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Sur Europe 1, Didier François a évoqué des conditions de détention "rudes", et "parfois violentes". Les quatre otages sont "restés dix mois complets dans des sous-sols sans voir le jour, un mois et demi entièrement enchaînés les uns aux autres", a-t-il dit. Le reporter aguerri, doyen du groupe à 53 ans, a précisé : "Dans un pays en guerre, ce n’est pas toujours simple, que ce soit la nourriture, l’eau, l’électricité, parfois c’était un petit peu bousculé, les combats étaient proches, il est arrivé qu’on soit déplacés très rapidement dans des conditions un peu abracadabrantes".


 

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S’exprimant sur Arte, Nicolas Hénin a précisé: "Ce dont on a le plus souffert pendant toute la première partie de notre détention, c’est du manque de nourriture. Heureusement on nous a donné au cours des derniers mois de quoi nous remplumer". "Nous n’avions pas d’eau chaude", a-t-il ajouté. "J’ai gardé les habits avec lesquels j’ai été capturé le 22 juin jusqu’au 23 décembre". "En tout, a-t-il dit, je suis passé par une dizaine de lieux de captivité (…). La plupart du temps, avec d’autres personnes, notamment Pierre Torrès qui m’a rejoint assez vite. Cela a été une longue errance de lieux de détention en lieux de détention". "Il y a eu également un peu de maltraitance physique, mais cela tous les prisonniers syriens y passent, a-t-il dit.

Une libération encore mystérieuse

Peu de détails ont filtré sur les conditions de la libération des quatre hommes. "L’Etat ne paie pas de rançon. C’est un principe très important pour que les preneurs d’otages ne puissent être tentés d’en ravir d’autres", a seulement réaffirmé François Hollande sur Europe 1. "Tout est fait par des négociations, des discussions. Je ne veux pas être plus précis", a-t-il dit, "car nous avons encore deux otages" au Sahel. Laurent Fabius a nié toute livraison d’armes.

Depuis l’enlèvement des journalistes, les services de renseignement français "ont été en capacité permanente de repérer la localisation des otages", a déclaré à l’AFP une source proche du dossier. "Depuis le début, on les a suivis à la trace".

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, s’était rendu en Turquie "il y a plusieurs semaines", un déplacement "discret" au cours duquel il avait rencontré les autorités politiques turques et les services "pour permettre de réaliser ce qui est arrivé hier", a poursuivi cette source.

Il reste désormais deux otages français dans le monde: Serge Lazarevic et Gilberto Rodrigues Leal, enlevés respectivement en novembre 2011 et novembre 2012 au Mali.
M. Fabius s’est déclaré "très inquiet" concernant le sort de ce dernier, âgé de 61 ans. "Cela fait longtemps que nous n’avons pas eu de nouvelles".

(Avec AFP)

Les journalistes Didier François (gauche), Edouard Elias (centre) et Nicolas Hénin (droite) à Villacoublay le 20 avril 2014
afp.com – Thomas Samson

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