Génocide rwandais : pour Le Drian, « certaines accusations ne peuvent rester sans réponse »
Jean-Yves Le Drian a tenu vendredi à défendre l' »honneur » de l’armée française lors de l’opération Turquoise en 1994, après les accusations de complicité de génocide réitérées par le président rwandais, Paul Kagamé. Car, pour le ministre français de la Défense, « certaines accusations ne peuvent rester sans réponse ». Explications.
Après le Premier ministre Manuel Valls, c’est au tour du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, de réagir à la polémique entre la France et le Rwanda relancée par Paul Kagamé dans une interview à Jeune Afrique publiée le 7 avril. Dans un message aux armées, diffusé vendredi 11 avril, Jean-Yves Le Drian a défendu l’"honneur" de l’armée française lors de l’opération Turquoise en 1994, après les accusations de complicité de génocide réitérées par le président rwandais.
"Les mots ont un sens et, dans ces circonstances, certaines accusations ne peuvent rester sans réponse", écrit Le Drian, sans mentionner le nom du chef de l’État rwandais. Selon le ministre, "l’honneur de la France et de ses armées, c’est d’avoir, avant les autres, réagi au drame qui se déroulait sous le regard d’une communauté internationale paralysée".
"Sauver un maximum de vies sans prendre parti dans la lutte pour le pouvoir qui était alors engagée: c’est le défi que beaucoup jugeaient impossible et que les troupes françaises de Turquoise ont pourtant relevé", poursuit Jean-Yves Le Drian.
>> Lire aussi : "L’histoire mythique de l’opération Turquoise ne correspond pas à la réalité" (Guillaume Ancel)
"Accusations inacceptables"
La France "ne s’est pas dérobée à son devoir", affirme-t-il encore. "Les conclusions de la mission [menée par Paul Quilès en 1998, NDLR], indépendante et pluraliste, ne laissaient aucune place aux accusations inacceptables qui ont été proférées à l’encontre de l’armée française ces derniers jours", insiste-t-il, en soulignant que "plus de 1 100 documents" ont été déclassifiés en vingt ans par le ministère de la Défense, dans le cadre des procédures judiciaires.
Lors de sa déclaration de politique générale mardi à l’Assemblée nationale, Manuel Valls avait déjà rejeté ces accusations, selon lui "injustes" et "indignes".
Dans une interview à Jeune Afrique, le président rwandais Paul Kagamé avait accusé la France d’avoir eu un "rôle direct" dans "la préparation politique du génocide" et dans "son exécution même".
Réagissant à ces déclarations, Paris avait annulé le voyage de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, qui devait représenter la France à la commémoration du vingtième anniversaire du génocide, à Kigali le 7 avril. Après que Paris avait annoncé la participation de l’ambassadeur de France à Kigali, Michel Flesch, le ministère rwandais des Affaires étrangères avait fait savoir à ce dernier qu’il n’était pas le bienvenu.
(Avec AFP)
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