Kenya : immense rafle de milliers de Somali à Nairobi

Environ 4 000 personnes d’origine somali ont été arrêtées depuis vendredi à Nairobi. La plupart sont détenues dans un complexe sportif de la capitale.

Un paramilitaire kényan demande à un journaliste de s’éloigner de l’entrée du stade Kasarani. © AFP

Un paramilitaire kényan demande à un journaliste de s’éloigner de l’entrée du stade Kasarani. © AFP

Publié le 9 avril 2014 Lecture : 3 minutes.

La rafle est immense et inédite. Depuis vendredi 4 avril, la police kényane a arrêté environ 4 000 personnes de l’ethnie somali à Nairobi.  "Ces derniers mois, l’insécurité a augmenté. Il était temps de donner un bon coup de balai pour rétablir l’ordre", a expliqué sans retenue le ministre kényan de l’Intérieur, Joseph Ole Lenku, sur Twitter, en référence à de récents attentats ou tentatives d’attentats ayant visé le Kenya et attribués à des islamistes liés aux Shebab somaliens.

L’essentiel des personnes arrêtées l’ont été dans le quartier d’Eastleigh, surnommé "petit Mogadiscio" en raison de sa forte population somalienne ou d’ethnie somali, qui "fonctionnait comme s’il ne faisait pas partie du Kenya", a soutenu  Joseph Ole Lenku, précisant que "près de 4 000 personnes" avaient été interpellées. "Les autorités kényanes nous ont dit qu’ils allaient vérifier l’identité des personnes retenues et relâcher celles qui sont au Kenya légalement et ne sont pas impliquées dans des activités criminelles", a déclaré l’ambassadeur somalien au Kenya, Mohamed Ali Nur, ajoutant qu’environ 1 600 personnes avaient été relâchées lundi.

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"Des centaines ou des milliers de personnes" dans le stade

Selon un porte-parole de la police, Masoud Mwinyi, seules 467 personnes étaient toujours en garde à vue mardi tandis que 69 autres avaient été inculpées de diverses infractions. Ces chiffres sont impossibles à vérifier. La police interdit strictement l’accès du stade de Kasarani, où est massé la majorité des individus interpellés, aux médias et aux ONG de défense de droits de l’Homme. "De l’extérieur, on voit que des camions continuent d’amener des personnes supplémentaires au stade", explique Kamanda Mucheke, haut responsable de la Commission nationale kényane des droits de l’Homme (KNHCR), estimant qu’il pourrait y avoir "des centaines ou des milliers de personnes à l’intérieur".

Le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR) s’est dit "préoccupé par la vague d’arrestations" et "a demandé à avoir accès (…) aux réfugiés et demandeurs d’asile détenus". "Ils ont arrêté ma soeur et son jeune enfant vendredi, bien qu’elle avait ses papiers de réfugiés et ils ont tout brisé dans la maison", a raconté mercredi Kassim Yussuf, qui attendait devant le grand stade de Kasarani à Nairobi, où étaient retenus plusieurs centaines de personnes.

Mineurs et personnes âgées

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Des résidents du quartier d’Eastleigh ont accusé la police d’avoir pénétré chez eux sans mandat et d’être particulièrement violente. "L’opération a été brutale et les policiers ont emmené des mineurs, des personnes très âgées et d’autres qui résident au Kenya légalement", s’est indignée Amina Sheikh Hassan, kényane d’origine somalienne vivant à Eastleigh. "Toute l’opération avait pour but de punir collectivement tous les Somalis et les musulmans", a ajouté la jeune fille en colère, même si Joseph Ole Lenku a assuré sur Twitter que l’opération "ne visait aucune communauté ethnique ou religieuse en particulier".

La police kényane a l’habitude de procéder à des rafles massives après les attentats attribués aux islamiste et la plupart des suspects sont généralement relâchés après avoir été interrogés. Mais celle-ci semble d’une ampleur inédite. Fin mars, après une attaque islamiste, les autorités kényanes avaient ordonné à l’ensemble des réfugiés sur son territoire de rejoindre les camps surpeuplés de Dadaab (est) et Kakuma (nord-ouest), leur interdisant de se trouver à l’extérieur.

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(Avec AFP)

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