Égypte : trois figures de la révolte de 2011 condamnées à de la prison ferme

Les peines de trois ans de prison ferme infligées à trois figures de la révolte de 2011 contre Hosni Moubarak ont été confirmées, lundi, par un tribunal égyptien. Ce dernier a estimé que les prévenus ont enfreint une récente loi controversée limitant le droit de manifester.

Ahmed Douma (droite) et Ahmed Maher (gauche) au Caire le 7 avril. © AFP

Ahmed Douma (droite) et Ahmed Maher (gauche) au Caire le 7 avril. © AFP

Publié le 8 avril 2014 Lecture : 2 minutes.

Ils se sont battus en 2011 pour faire tomber le régime d’Hosni Moubarak, mais la justice égyptienne a estimé que cette fois-ci ils iraient en prison. Ahmed Maher, fondateur du mouvement du 6-Avril, fer de lance de la révolte de 2011, Mohamed Adel et Ahmed Douma, qui avaient été condamnés le 22 décembre en première instance pour avoir organisé une manifestation non-autorisée et violente quelques jours après l’entrée en application de la loi en novembre, votée par les autorités intérimaires, interdisant toute manifestation sans avoir obtenu au préalable l’autorisation de la police juillet dernier le président islamiste Mohamed Morsi.

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L’avocat des trois militants, Ahmed Seif, a annoncé qu’ils allaient se pourvoir en cassation, et qu’en cas d’échec, il saisirait la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. "Rien n’indique que l’État est disposé à desserrer son étau", a-t-il déclaré après l’annonce de la décision, alors que l’homme fort du pays, Abdel Fattah al-Sissi, grand favori de l’élection présidentielle des 26 et 27 mai, a promis qu’il n’y aurait pas de "retour" à l’ère Moubarak.

La condamnation en première instance de ces trois militants, qui avaient l’été dernier soutenu la destitution de Mohamed Morsi, avait suscité l’inquiétude de voir l’Égypte renouer avec l’autoritarisme.

Car au-delà de la campagne de répression sanglante contre les manifestants pro-Morsi – qui, selon Amnesty International, a fait au moins 1 400 morts et plus de 15 000 arrestations- les nouvelles autorités visent désormais également les militants des mouvements progressistes de la jeunesse.

Ainsi, un autre militant de gauche en vue, Alaa Abdel Fattah, est lui aussi poursuivi, après des mois de détention préventive, pour avoir manifesté sans autorisation.

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Un "coup de grâce pour la révolution égyptienne"

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Le département d’État américain s’est dit "profondément troublé" par cette confirmation en appel et a "exhorté le gouvernement égyptien à exercer son droit constitutionnel pour commuer ces peines excessives".

L’organisation américaine de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé un "coup de grâce pour la révolution égyptienne", tandis qu’Amnesty International y a vu "un nouveau tour de vis contre la liberté d’expression et d’assemblée et un nouveau signe du climat d’intolérance grandissante contre toute critique légitime des autorités".

La condamnation à mort de 529 partisans de l’ancien président Mohamed Morsi a récemment déclenché un tollé international et valu une volée de critiques aux autorités intérimaires. Après l’éviction du premier président élu démocratiquement, puis la répression sanglante de ses partisans, ces derniers sont désormais jugés dans des procès de masse rassemblant des centaines d’accusés – la plupart par contumace – et nombre d’entre eux encourent désormais la peine de mort, à l’image de l’ancien président islamiste lui-même et de la quasi-totalité des dirigeants de sa confrérie des Frères musulmans.

Le mouvement islamiste vieux de 85 ans a été déclaré "terroriste" par les nouvelles autorités qui lui font porter la responsabilité des attaques désormais quotidiennes contre les forces de l’ordre ayant fait selon le gouvernement près de 500 morts en neuf mois. Les autorités ont récemment annoncé avoir renforcé l’arsenal juridique antiterrorisme.

(Avec AFP)

 

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