Cameroun : Boko Haram recrute des jeunes à la frontière avec le Nigeria

Selon plusieurs sources sécuritaires camerounaises, Boko Haram enrôle des jeunes camerounais dans la zone frontalière entre le Cameroun et le Nigeria. Une opération mise en place depuis quelques mois par le groupe islamiste.  

Au nord du Cameroun, les bases arrières de Boko Haram seraient nombreuses. © AFP

Au nord du Cameroun, les bases arrières de Boko Haram seraient nombreuses. © AFP

Publié le 3 avril 2014 Lecture : 2 minutes.

"Environ 200 jeunes (âgés de 15 à 19 ans) de la zone de Kolofata (extrême-nord du Cameroun) ont été recrutés depuis février. Ils sont toujours dans des camps d’entraînement des Boko Haram dans la brousse nigériane", a affirmé, le 3 mars, sous couvert d’anonymat un inspecteur de la police camerounaise, en poste dans la région.

Selon ce responsable camerounais, les jeunes recrues sont issues de l’ethnie Kanuri, qu’on retrouve à Kolofata et dans d’autres localités de la région camerounaise de l’extrême-nord, mais aussi au Nigeria.

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"Ceux qui ne veulent pas sont égorgés"

Si beaucoup de ces jeunes de Kanuri sont souvent attirés par les avantages que leur font miroiter les islamistes, l’engagement aux côtés de Boko Harams n’est pas toujours volontaire. "Les insurgés Boko Haram tentent de les convaincre par la parole en interprétant le Coran à leur guise. Dans le cas où le jeune résiste, il y est contraint de force", souligne de son côté un commissaire de police. "Ceux qui ne veulent pas sont égorgés", ajoute-t-il.

Depuis toujours, la question de l’enrôlement de jeunes Camerounais par les islamistes agite la région. "Nous avons pas mal de petits frères du village qui sont partis", confie Abba, jeune assistant d’une autorité traditionnelle de la région. "C’est regrettable parce qu’ils empruntent un chemin dangereux dont l’issue sera sans doute la mort".

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Évoquant l’absence de "preuves" pour étayer les informations sur l’enrôlement des jeunes, le gouverneur de la région de l’Extrême-nord, Awa Fonka Augustine, conseille pour sa part aux parents de mettre leurs enfants en garde contre les dangers d’un tel enrolement. "Boko Haram est comme le ‘famla’ [nom attribué à une société secrète de l’ouest du Cameroun, NDRL]. Lorsque vous avez connu son secret, ce n’est plus possible de sortir de l’organisation", souligne Awa Fonka. Et "ceux qui sont allés et cherchent à s’enfuir, les Boko Haram les recherchent partout", avertit-il.

Développer l’éducation

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Le gouverneur appelle également les parents à encourager leurs enfants à faire des "études classiques" pour ne plus se contenter uniquement des études coraniques – comme c’est très souvent le cas dans la région – qui n’offrent pas la possibilité d’obtenir des diplômes pouvant déboucher sur un emploi.

"Nous sommes en train de recommander à l’État l’ouverture des écoles franco-arabes (études mixtes) pour combler ce manque", assure-t-il. En attendant, "en recrutant de jeunes camerounais, Boko Haram veut refaire et même grossir ses effectifs, mais il y a un risque évident d’implantation durable de la secte au Cameroun", estime le commissaire de police camerounais.

À l’en croire, Boko Haram est en passe de devenir une "multinationale du crime" : la secte compte désormais parmi ses combattants des Tchadiens, des Nigériens et des Camerounais, en plus des Nigérians qui constituent le gros de ses effectifs.

(AFP)

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