Après la Guinée, la fièvre Ebola signalée au Liberia et suspectée en Sierra Leone

Six nouveaux cas d’Ebola ont été détectés lundi au Liberia, État limitrophe de la Guinée frappée depuis janvier par la fièvre hémorragique virale. Des cas suspects ont été également signalés en Sierra Leone, mais aussi au Canada où l’homme hospitalisé aurait finalement été testé négatif au virus, selon l’OMS.

Un centre de soins intensifs pour des malades touchés par la fièvre Ebola au Congo en 2003. © AFP

Un centre de soins intensifs pour des malades touchés par la fièvre Ebola au Congo en 2003. © AFP

Publié le 25 mars 2014 Lecture : 5 minutes.

Mis à jour le 25 mars 2014 à 15h51.

Le virus Ebola désormais signalé au Liberia. "Un adulte de sexe masculin qui a récemment voyagé en Afrique de l’Ouest est gravement malade dans un hôpital de Saskatoon (ouest du Canada) avec une forte fièvre et d’autres symptômes", a indiqué, le 25 mars, le ministère de la Santé de la province canadienne de la Saskatchewan dans un communiqué. Cet homme qui s’était déplacé pour son travail "revenait du Liberia", a précisé ensuite Denise Werker, directrice adjointe de la direction provinciale de la santé, en évoquant des symptômes s’apparentant à la fièvre Ebola.

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Gregory Härtl, l’un des porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré mardi sur son compte Twitter que la personne hospitalisée aurait été testé négatif au virus d’Ebola. Une information qui doit encore être confirmée par le gouvernement canadien lui-même lorsqu’il aura les résultats des tests effectués, a ajouté l’OMS sur son compte Twitter.

Cinq morts en Guinée

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Plus tôt dans la journée, le ministre libérien de la Santé, Walter Gwenigale, avait indiqué dans un communiqué que "jusqu’à ce matin [lundi], six cas ont été détectés, dont cinq sont déjà morts : quatre femmes et un enfant de sexe masculin". Il a précisé que le sixième cas était une fillette, actuellement "sous traitement".

Ces personnes, dont les nationalités n’ont pas été précisées, étaient venues du sud de la Guinée pour se faire soigner dans des hôpitaux du nord du Liberia, dans la région de Lofa, près de la frontière, selon le ministre.

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Ce sont "des gens qui sont venus à des funérailles en Guinée et qui sont retournés chez eux" au Liberia, dans une zone frontalière, a indiqué Marie-Christine Ferir, responsable des situations de crise de Médecins sans frontières (MSF). Il existe "des liens familiaux" dans cette région à cheval sur les deux pays, "les gens viennent assister à des funérailles d’un côté et malheureusement ils se contaminent sans le savoir et ils retournent chez eux après", a-t-elle rappelé.

La Guinée a enregistré du mois de janvier au 23 mars un nombre total 87 cas suspects de fièvre hémorragique virale dont 61 décès.

Selon le ministre libérien, des inspecteurs libériens de santé "enquêtent déjà sur la situation (…), font des prélèvements sanguins et sensibilisent les autorités sanitaires sur la maladie". À Conakry, le ministère de la Santé et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont indiqué dans un communiqué que "la Guinée a enregistré du mois de janvier au 23 mars un nombre total de 87 cas suspects de fièvre hémorragique virale dont 61 décès", essentiellement dans le Sud.

De premières analyses d’échantillons effectuées par l’Institut Pasteur de Lyon, en France, ont montré que ces cas de fièvre dans le sud de la Guinée étaient dus au virus Ebola qui provoque une fièvre hautement contagieuse, des vomissements et des diarrhées qui tuent dans la plupart des cas.

Ebola n’aurait pas atteint Conakry

Aucun traitement ne peut guérir cette fièvre. Seules des mesures préventives peuvent empêcher sa propagation, ce à quoi s’activent les autorités guinéennes, la Croix-Rouge locale et des organisations internationales spécialisés : OMS, Unicef, MSF-Belgique et MSF-Suisse.

Toutefois, les trois cas de fièvre hémorragique ayant provoqué deux morts à Conakry ne sont pas dus au virus Ebola, mais la nature de cette fièvre "reste à déterminer", a déclaré le Dr Sakoba Keïta du ministère guinéen de la Santé après avoir reçu les premiers résultats d’analyses à l’Institut Pasteur de Dakar. Des déclarations qui contredisent les informations données dimanche par l’Unicef affirmant que la maladie, due à Ebola, s’était "propagée rapidement" du Sud à Conakry.

Le ministère guinéen de la Santé a demandé aux populations de garder "calme et sérénité" car "la maladie reste circonscrite et sous contrôle". Le ministère et ses partenaires ont notamment décidé le traitement gratuit de tous les malades dans des centres d’isolement, le traitement spécifique des corps des malades décédés et le recensement de toutes les personnes qui ont eu des contacts directs avec les malades morts – en particulier le personnel médical – et ceux présentant des signes de fièvre, diarrhée, vomissement, fatigue prononcée et/ou saignement.

La maladie peut facilement voyager, avertit Simplice Dagnan, directeur général de l’Institut ivoirien d’hygiène publique.

Des équipes de MSF et de l’OMS, déjà présentes en Guinée, vont être renforcées pour participer à la mise en place de ces mesures et distribuer des kits d’hygiène et de protection individuelle dans les zones touchées. MSF a une trentaine de personnes en Guinée, où sont aussi attendus des spécialistes des Instituts Pasteur de Dakar et Lyon.

Risque de propagation d’Ebola en Afrique de l’Ouest ?

Le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Mali ont annoncé avoir réactivé leur système de surveillance épidémiologique. En Sierra Leone, voisine de la Guinée, des contacts ont eu lieu avec le gouvernement guinéen et des équipes médicales ont été envoyées à la frontière avec la Guinée.

Deux cas suspects de fièvre Ebola, ont été enregistrés en Sierra Leone. "Hier [lundi], nous avons été informés de cas suspects dans le district de Kambia (nord), à la frontière avec la Guinée", et également à Kono (est), mais non encore confirmés, a déclaré à la presse à Freetown Brima Kargbo, médecin chef et responsable au ministère de la Santé.

Selon lui, un des deux cas suspects était un garçon de 14 ans, probablement mort il y a deux semaines en Guinée et dont le corps a ensuite été transporté dans son village dans la zone de Kono. Le second cas suspect a été recensé dans la zone de Kambia mais il est en vie, a-t-il indiqué, sans plus de détails.

Pour l’heure, "nous n’avons aucun cas confirmé d’Ebola dans le pays. Ce que nous avons, ce sont des cas suspects, et nos équipes sanitaires sur le terrain mènent les enquêtes et font des prélèvements d’échantillons sur des gens qui sont entrés en contact avec ces cas suspects", a-t-il précisé. Et d’ajouter : "C’est la première fois qu’une telle menace sur la santé du pays franchit nos frontières. Dans tous les cas, nous sommes prêts et en état d’alerte si jamais la maladie (due au virus d’Ebola) était diagnostiquée en Sierra Leone".

"À ce jour, aucun cas suspect de fièvre hémorragique à virus d’Ebola n’a été signalé sur le territoire malien", a affirmé pour sa part le gouvernement malien dans un communiqué.

Mais en dépit des mesures de prévention prises, il y a des "risques réels de propagation" du virus Ebola en Côte d’Ivoire, car "la maladie peut facilement voyager", a averti Simplice Dagnan, directeur général de l’Institut ivoirien d’hygiène publique.

(Avec AFP)

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