Belounis – Qatar : le bras de fer continue et la FIFPro s’impatiente

Bloqué plusieurs mois au Qatar à cause d’un litige avec son club, le Franco-Algérien Zahir Belounis, accompagné d’une délégation de la FIFPro, a été reçu à la Fifa. Laquelle a pris acte des doléances du syndicat des joueurs pour ce genre de conflits qui touchent essentiellement des joueurs africains.

Lua Lua, Belounis, Kharja, Hadji… Beaucoup d’Africains sont en conflit avec leur ex-club au Qatar. © AFP/Reuters/DR/Montage J.A.

Lua Lua, Belounis, Kharja, Hadji… Beaucoup d’Africains sont en conflit avec leur ex-club au Qatar. © AFP/Reuters/DR/Montage J.A.

Alexis Billebault

Publié le 21 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

Zahir Belounis (33 ans) est du genre têtu. Depuis qu’il est rentré en France à la fin du mois de novembre dernier, l’ex-footballeur professionnel n’a pas abandonné l’idée de faire payer à Al Jaish les deux années de salaire qu’il estime lui être dues au terme de son contrat. Le 13 février dernier, Belounis avait raconté son expérience devant le Parlement européen à Bruxelles, un discours auquel avaient assisté des membres de la Fifa. Trois semaines plus tard, Sepp Blatter, le patron du football mondial, l’a reçu à Zurich, en compagnie d’une délégation de la FIFPro, la fédération internationale des joueurs professionnels).

"Le cas de Belounis, qui doit être impérativement réglé et que nous ne lâcherons pas, mais aussi celui des marocains Abdeslam Ouaddou et Youssouf Hadji, ont été médiatisés. Je crois que la Fifa, qui a mis un certain temps à prendre conscience de l’ampleur du problème au Qatar, souhaite que les choses changent. Si un joueur a un litige avec un club, il faut qu’il puisse quitter ce pays, et que ce conflit soit jugé par la FIFA", prévient le Français Philippe Piat, président du syndicat des joueurs.

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L’implication de Sepp Blatter

Le Qatar, dont l’image a été sérieusement écornée ces derniers mois par les témoignages de quelques footballeurs, mais aussi par des reportages sur les conditions de travail moyenâgeuses réservées aux immigrés originaires du sous-continent indien, n’a pour l’instant guère fait évoluer ses pratiques. "On sait qu’il y a d’autres joueurs – professionnels ou semi-professionnels – qui ne sont pas payés, mais beaucoup n’osent pas le faire savoir, car ils conservent l’espoir de toucher leur argent", poursuit Piat.

Zahir Belounis, rentré en France libre mais ruiné à force d’avoir puisé dans ses économies pour subvenir aux besoins de sa famille, a déposé plainte devant la justice qatarie pour obtenir le paiement de ses salaires, et a fait de même en France pour "pour escroquerie, conditions de travail contraires à la dignité de la personne, faux et extorsion de fonds aggravée", cela afin de réparer les conséquences "de la séquestration dont j’ai été victime, explique-t-il. À Zurich, la FIFPro a mis la pression à la Fifa. Je pense que Blatter a l’intention de s’impliquer."

Je suis un exemple, mais pas le seul : il y a Hadji, Belounis, mais aussi Kharja (Maroc), Lua Lua (RDC), des Sénégalais, des Ivoiriens…

Abdeslam Ouaddou, ancien international marocain

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Philippe Piat, parfois étonné par "la bienveillance du pouvoir politique et d’une partie des médias français sur les méthodes employées dans cette partie du monde", se veut malgré tout optimiste. "Je crois que la Fifa en a assez que la Coupe du monde 2022 et les affaires liées au Qatar fassent autant parler. Elle a les moyens de demander à ce pays de respecter davantage les droits des joueurs." Le système de kafala (parrainage d’un étranger par une personne physique ou morale) est cependant selon Belounis "la cause essentielle de tous ces problèmes. Il faudrait y mettre fin, mais je ne sais pas si la Fifa ira jusqu’à le demander au Qatar…"

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Le système de kafala montré du doigt

L’ancien défenseur international marocain Abdeslam Ouaddou, en litige avec son ex club de Lekhwiya, n’est pas vraiment étonné que de plusieurs joueurs africains aient connu des difficultés pour se faire payer. "Je suis un exemple, mais pas le seul : il y a Hadji, Belounis, mais aussi Kharja (Maroc), Lua Lua (RDC), des Sénégalais, des Ivoiriens… Comme les Asiatiques, les Africains sont moins bien considérés que les Européens ou les Brésiliens. C’est souvent valable dans le foot, mais cela concerne aussi les autres salariés."

Et Ouaddou a une petite idée pour expliquer ce traitement de faveur. "Même si des européens sont aussi des victimes de ce système de kafala. Les Qataris investissent beaucoup en Europe, où ils font le maximum pour améliorer leur image. Ils font donc attention à bien traiter des Européens. Et à compétences égales, la plupart du temps, un Africain ou un Asiatique sera moins bien payé qu’un Européen ou un Sud-Américain…"

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