Procès Pistorius : la victime aurait crié et signalé sa présence

Un expert balistique de la police sud-africaine a affirmé mercredi devant le tribunal de Pretoria que Reeva Steenkamp aurait eu le temps de crier et de signaler sa présence lorsqu’Oscar Pistorius tirait dans les toilettes. Une déposition qui contredit la version de l’accusé.

Reeva Steenkamp, la compagne d’Oscar Pistorius, tuée le 14 février 2013. © AFP

Reeva Steenkamp, la compagne d’Oscar Pistorius, tuée le 14 février 2013. © AFP

Publié le 19 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

C’est une nouvelle déposition à charge contre Oscar Pistorius. Après les témoignages accablants de la voisine et d’un ami, c’est au tour du capitaine Chris Mangena, expert balistique de la police sud-africaine, de mettre à mal la version de l’accusé.

À la question "Reeva Steenkamp s’est-elle vue mourir ?", Chris Mangena a répondu, le 19 mars, par l’affirmatif. Reconstituant les derniers instants de la petite amie d’Oscar Pistorius, touchée d’abord à la hanche selon lui, avant d’être tuée d’une balle dans la tête, l’expert a soutenu l’hypothèse selon laquelle la victime aurait eu le temps de crier et de signaler sa présence, contrairement à ce qu’a toujours affirmé l’accusé.

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Pistorius a tiré quatre fois

Le capitaine Chris Mangena a exposé comment, selon toute probabilité, la jeune mannequin était debout dans les WC quand elle a été touchée à la hanche par un premier coup de feu, avant de tomber à la renverse et de se protéger la tête des mains et des bras. Le premier des trous relevés dans la porte est situé à 93,5 cm du sol et sa hanche estimée à 93 cm. "Très probablement, la blessure à la hanche a été faite quand elle était debout (…) face à la porte", a-t-il décrit. "Ça lui a brisé la hanche, l’a fait tomber en arrière dans le porte-revues". C’est dans cette seconde position qu’elle a été touchée une deuxième et une troisième fois.

Pistorius a tiré quatre fois mais l’une des balles n’a pas atteint la jeune femme. Après le premier coup de feu qui l’a fait tomber, Reeva "était très probablement assise dans une position défensive", a poursuivi le capitaine Mangena, mimant à la barre les derniers gestes de la jeune femme, les bras croisés devant son visage. Une deuxième balle a ricoché mais la troisième lui a perforé le bras gauche au-dessus du coude par l’arrière, faisant exploser la chair et lui causant un bleu à la poitrine : "Les bras étaient levés en l’air au niveau de la poitrine". La dernière balle l’a atteinte au côté droit du crâne alors qu’elle avait "les deux mains sur la tête" avec pour conséquence "immédiate" qu’elle s’effondre, "le buste entre le WC et le porte-revues".

Pistorius était bien devant la porte quand il a tiré, "probablement sans ses prothèses aux jambes" et posté "entre 60 centimètres de la porte et le mur", a indiqué l’expert.

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Le mensonge de Pistorius ?

Depuis la première audience le 3 mars, les témoins cités par l’accusation font apparaître, comme les pièces d’un puzzle, ce qui ressemble au mensonge de Pistorius : des voisins ont entendu la jeune femme crier, une autre le couple se disputer. Le médecin-légiste a trouvé à l’autopsie les reliefs d’un repas avalé vers 1 heure du matin environ alors qu’elle était censée dormir, et il a aussi souligné qu’il ne serait "pas naturel" pour quiconque de ne pas crier après une blessure par balle à la hanche.

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Mais inlassablement, la défense a tenté, une nouvelle fois, de démolir ces preuves. Lors d’un contre-interrogatoire inhabituellement bref, l’avocat Barry Roux a suggéré que son client était loin de la porte quand il a tiré, près de l’interrupteur mural. Une hypothèse utile pour étayer la version d’un homme terrorisé tirant à distance."C’est plausible mais seulement pour le premier coup de feu que Pistorius a préféré ne pas écouter, se bouchant ostensiblement les oreilles", a répondu le capitaine Mangena.

Deux iPads parlent, procès ajourné

Juste avant, le colonel Mike Sale, expert en téléphonie, a rendu compte des deux iPads trouvés chez Pistorius. L’un d’entre eux a été utilisé pour consulter un site pornographique gratuit vers 18 heures 30 et rechercher une Ford Ranger et une Aston Martin Rapide R sur des sites automobiles en ligne. L’historique de consultation avant le 13 février avait été effacé.

Le procès, qui aurait dû s’achever jeudi, a été ajourné jusqu’à lundi 24 mars, laissant un jour au parquet pour consulter les "quatre à cinq" derniers témoins qu’il compte appeler.

(Avec AFP)

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