Algérie : le front du boycott s’élargit
Aux premiers partis qui ont lancé l’appel du boycott de la présidentielle du 17 avril se joignent désormais d’anciens candidats qui ont jeté l’éponge. Ensemble, ils veulent « créer un large front d’opposition » pour peser après le scrutin.
"Cette fois-ci, la situation est différente. En dehors de tous les problèmes sociaux, il y a la question du 4e mandat. Nous allons vers une crise comme en 1988", s’inquiète Abderazzak Makri, président du parti islamiste du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Les partisans du boycott de la présidentielle du 17 avril, dont le MSP, annoncent la tenue d’un meeting populaire à Alger le 21 mars à 15h à la salle Harcha. En parallèle de la campagne électorale officielle, ils mènent la leur, en faveur de l’abstention. Ils ont déjà organisé un sit-in près du monument des Martyrs, un lieu symbolique d’Alger, le 12 mars dernier.
Le "front du boycott" est composé de cinq partis. Le MSP, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), le Front de la justice et du développement (FJD) et Ennahda l’ont formé en février. Les ex-candidats Soufiane Djilali (du parti Jil Jadid) et Ahmed Benbitour les ont rejoints après l’annonce de la candidature du président Bouteflika. Le général à la retraite Mohamed Tahar Yala et Kamel Benkoussa (indépendant), sans faire partie de la coordination, soutiennent également le mouvement après avoir, eux aussi, renoncé à présenter leurs candidatures devant le Conseil constitutionnel.
"Nous sommes en face d’un coup d’État"
À la présidentielle de 2009, seuls le RCD et le Front des forces socialistes (FFS) avaient appelé au boycott. En 2014, l’enjeu est différent. "Le gouvernement a refusé l’appel de l’opposition. Nous sommes devant une élection où les résultats sont connus d’avance. Notre boycott n’est pas lié au 4e mandat, mais celui-ci réconforte notre position", précise le président du MSP. Il ajoute : "Peut être qu’un fort taux d’abstention pourra favoriser un dialogue avec les acteurs politiques après les élections".
"Ce que nous faisons, ce n’est pas boycotter une élection, mais refuser un fait accompli. Nous sommes en face d’un coup d’État, car le président ne réunit pas les conditions pour se présenter, assure Soufiane Djilali. Notre boycott est contre tout le processus électoral de la république".
Kamel Benkoussa, quant à lui, pense que "le boycott est une façon de revendiquer. Je suis même partisan d’une annulation complète de ces élections, dans le cadre d’une concertation au niveau national", dit-il.
S’ils demandent aux électeurs de déserter les bureaux de vote le 17 avril, les partisans du boycott entendent aussi les revendications d’autres protestataires. "Nous sommes avec le mouvement Barakat. Je les appuie et manifeste avec eux. Ils sont l’expression de la société", affirme Djilali. "Il est du droit de tous les citoyens de manifester, c’est un moyen d’action politique pacifique", poursuit Makri.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?
- Législatives au Sénégal : Pastef donné vainqueur
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Mali : les soutiens de la junte ripostent après les propos incendiaires de Choguel...