Détournements, disparitions, crashs… Les dix faits marquants de l’aviation africaine
Le mystère du vol MH370 de la Malaysia Airlines, disparu depuis plus de dix jours, passionne, autant qu’il inquiète. Ce n’est pourtant pas la première que l’aviation se retrouve sous les projecteurs, y compris en Afrique.
Alors que le mystère du vol MH 370 de la Malaysia Airlines, disparu dans la nuit du 7 mars, reste non-résolu, les théories, parfois du complot, vont bon train quant au sort des 227 passagers. Disparition ? Détournement ? Ou peut-être quelque chose de plus insolite ? L’histoire de l’aviation n’est pas sans précédents. Jeune Afrique a recensé 10 événements qui ont marqué le ciel africain. Certains sont tragiques. D’autres, moins.
- Le Boeing disparu
Le MH370 n’est pas le premier avion à mystérieusement disparaître. Le 25 mai 2003, sur l’aéroport Quatro de Fevereiro de Luanda, deux mécaniciens – un officier navigant américain, Ben Charles Padilla, et son aide congolais, John Mikel Mutantu – préparent le vol 844AA, un Boeing 727-223 de la compagnie American Airlines. D’après une enquête du magazine Air&Space, un contrôleur aérien en service aperçoit soudain l’avion rouler puis accélérer sur une piste. Il ne parvient pas à entrer en contact avec le cockpit, dont les outils de communication ont été coupés. Quelques minutes plus tard, le 844 AA est dans le ciel angolais, volant en direction de l’océan Atlantique. Sa trace ne sera jamais retrouvée et, dix ans plus tard, le mystère de sa disparition reste entier.
- Air Cocaïne
Début novembre 2009, la carcasse brûlée d’un Boeing 727-200 est retrouvée en plein désert malien, dans la région de Gao. L’avion, qui venait du Venezuela, transportait plusieurs tonnes de cocaïne. Après avoir atterri sur une piste sommairement aménagée, il ne parvient pas à redécoller et reste cloué au sol. Les narcotrafiquants y mettent alors le feu pour éliminer toute trace de leur passage puis s’évaporent dans le désert, au volant de 4×4 chargés de poudre blanche. L’affaire, que les autorités maliennes ont essayé d’étouffer, débouche sur l’interpellation de neuf personnes, dont un Français et un Espagnol. Selon L’Express, tous ces suspects ont bénéficié d’un non-lieu et d’une remise en liberté, en janvier et en août 2012.
- L’assaut
Le 24 décembre 1994, quatre terroristes algériens du Groupe islamique armé (GIA) prennent le contrôle du vol Air France 8969 sur le tarmac de l’aéroport Houari Boumediène d’Alger. Les assaillants exigent de pouvoir s’envoler vers Paris. Leur demande est refusée par les forces de l’ordre algériennes qui encerclent rapidement l’Airbus. S’en suivent près de 40 heures de prise d’otages, durant lesquelles trois passagers sont exécutés par le commando jihadiste. Le 26 décembre, à 2 heures du matin, Alger, sous la pression de Paris, autorise l’AF8969 à décoller. Conformément à ce qui avait été négocié avec les pirates de l’air, l’avion se pose une heure et demie plus tard à Marseille-Marignane pour faire le plein de carburant. Il y reste jusqu’en fin d’après-midi, moment choisi par le GIGN, les forces spéciales de la gendarmerie française, pour donner l’assaut. Diffusé en direct à la télévision, celui-ci se solde par la mort des quatre terroristes. Neuf gendarmes et seize passagers sont blessés mais s’en sortent vivants.
- Quand un copilote demande l’asile politique
Le 17 février 2014, un avion d’Ethiopian Airlines effectuant la liaison Addis Abeba-Rome est détourné par… son propre copilote. En plein vol, Hailedemin Abera Tagegn, âgé de 31 ans, profite de l’absence du commandant de bord, qui s’est rendu aux toilettes, pour s’enfermer dans la cabine de pilotage. Se sentant "menacé" en Éthiopie, il aurait commis son geste pour demander l’asile politique en Suisse. L’avion, pris en charge par des avions de chasse italiens et français, se pose finalement sans encombre à Genève. Quant au co-pilote, il a été arrêté par la police puis entendu par la justice helvétique.
- Amerrissage macabre
Le détournement du vol 961 d’Ethiopian airlines, un Boeing 767 devant rallier Addis-Abeba à Abidjan via Nairobi, Brazzaville et Lagos, est un des plus meurtriers de l’histoire de l’aviation africaine. Le 23 novembre 1996, trois jeunes éthiopiens prennent le contrôle de la cabine alors que l’avion vient de pénétrer dans l’espace aérien kényan. Ils annoncent qu’ils recherchent l’asile politique et demandent au pilote de prendre la direction de l’Australie. Malgré ses avertissements répétés au sujet du manque de carburant, le commandant de bord est contraint de voler vers l’Est. À l’approche des Comores, l’avion tombe en panne de kérosène et ses deux réacteurs se coupent. Les deux pilotes tentent alors un amerrissage d’urgence à moins de 500 mètres de la côte. 123 des 175 passagers et membres d’équipage, ainsi que les pirates de l’air, trouvèrent la mort dans ce terrible crash.
- Le pilote touriste
Le 28 novembre 2012, le ministère de la Défense sud-africain annonce une nouvelle plutôt insolite. Il vient en effet de sanctionner un des pilotes de l’armée de l’air ayant eu la mauvaise idée d’emprunter un des appareils militaires de sa base. Le touriste en uniforme, un peu trop confiant, souhaitait tout simplement rendre visite à un ami, au Botswana voisin. Soucieux de gagner du temps en évitant un trajet plus habituel, l’audacieux a finalement écopé d’une suspension de vol et d’une mise à pied.
- La méthode libyenne
Vue aérienne du mémorial dédié au vol UTA 772 (Google)
Le vol UTA772 Brazzaville-Roissy du 19 Septembre 1989 disparaît des écrans radar 46 minutes après son escale à N’Djamena. Les débris sont retrouvés dans le désert 17 heures plus tard. La reconstitution à 90% du fuselage a permis de déterminer les circonstances de l’explosion d’une bombe placée dans la soute à bagages et a conduit le juge Jean-Louis Bruguière à conclure dans son enquête à la responsabilité du terrorisme libyen. Six hauts responsables de la diplomatie et des services secrets ont ainsi été condamnés à la perpétuité par contumace en 1999 par la cour d’assise de Paris, dont Abdallah Senoussi, beau-frère de Mouammar Kadhafi. En 2003, la Libye reconnaîtra formellement sa responsabilité et, le 9 janvier 2004, le collectif "Les familles du DC10 UTA en colère !" signera avec la fondation Kadhafi un accord concernant un dédommagement d’un million de dollars pour chacune des familles des 170 victimes.
- Sac en croco ?
Le crash de Bandundu, le 25 août 2010 en RDC, est sans doute l’un des plus mystérieux. L’accident de l’appareil de la compagnie congolaise Filair, qui a coûté la vie à 19 personnes, a en effet suscité trois versions différentes. La première, celle de Filair, est celle d’une panne technique. La seconde, révélée par Jeune Afrique, provient d’un rapport d’enquête faisant état d’un mouvement de panique à bord suite à la découverte d’un crocodile dans le bagage à main d’un passager. Enfin, suite à la révélation de Jeune Afrique, la femme de Daniel Philimotte, qui pilotait l’appareil, a indiqué qu’elle considérait l’accident comme d’origine criminelle. "Mon mari venait, en juillet 2010, de conclure trois gros marchés de transport et il avait à plusieurs reprises dénoncé des actes de sabotage commis sur l’avion qu’il pilotait personnellement", expliquait-elle.
- L’imbroglio soudanais
En août 2008, un Boeing 737 de la compagnie soudanaise SunAir, ayant décollé du Darfour vers Khartoum, est détourné par des pirates de l’air se revendiquant de l’Armée de libération du Soudan (ALS). Après s’être rendus, et les otages ayant été libérés à l’aéroport militaire de Koufra, en Libye, où l’appareil a été forcé de se poser faute de carburant, les terroristes ont annoncé avoir voulu atterrir en France dans le but de rejoindre leur chef exilé à Paris, Abdul Wahid Al-Nour. Cependant, celui-ci a démenti rapidement toute participation, soutenu en cela par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner. Al-Nour parle ainsi d’une tentative de manipulation de la part du gouvernement de Khartoum. Ce dernier a aussitôt réclamé les terroristes, alors détenus en Libye, afin de les traduire en justice. Ils semblent ensuite, eux aussi, avoir disparu des radars.
- Bahia, la miraculée
Dans la nuit de lundi au mardi 30 juin 2009, un Airbus de compagnie Yemenia effectuant la liaison entre Paris et Moroni s’abîme en mer. Sur les 142 passagers, une seule survivante. Bakari Baya, 13 ans à l’époque, est la plus miraculeuse des survivantes d’un crash aérien. C’est un pêcheur qui l’a aperçue douze heures plus tard. Il a plongé et l’a aidée à monter à bord de son bateau, souffrant d’une fracture de la clavicule et de brûlures aux genoux. Sa mère décédée, Bahia sera rapatriée en France, auprès de son père. Alors qu’elle a, depuis, repris sa vie à Corbeil-Essonnes, son existence ne sera jamais tout à fait ordinaire.
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Par Mathieu OLIVIER et Benjamin ROGER
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