Edie Mukiibi, un agronome ougandais à la vice-présidence de Slow Food

En élisant Edie Mukiibi à sa vice-présidence, l’organisation écolo-gastronomique italienne Slow Food International marque son engagement en Afrique. Le jeune agronome ougandais de 28 ans sera notamment chargé de créer de nouveaux jardins potagers sur le continent.

L’objectif de Edi Mukiibi : créer 9 000 potagers bio en Afrique. © Aimie Eliot/J.A.

L’objectif de Edi Mukiibi : créer 9 000 potagers bio en Afrique. © Aimie Eliot/J.A.

Publié le 20 mars 2014 Lecture : 2 minutes.

Le rendez-vous est donné dans l’un des rares lieux de la capitale ougandaise dédiés au café. "Au vrai café", précise Edie Mukiibi."C’est le premier établissement de Kampala à avoir proposé un produit local, torréfié et moulu sur place", raconte le jeune homme qui a déclaré la guerre au café soluble pullulant sur les tables ougandaises : "Ce sont des grains d’ici qu’on a envoyés en Europe pour être transformés. Ils reviennent en Afrique plus chers et sous une forme médiocre. Un comble pour un grand pays producteur !"

Miser sur le local. Le jeune agronome appliquait déjà l’un des principes-clés de Slow Food avant même de connaître l’organisation. Alors qu’il n’est encore qu’étudiant, ce passionné d’agriculture conseille régulièrement aux fermiers de sa localité de privilégier des espèces locales, de limiter l’usage d’engrais et, surtout, de renouer avec les pratiques agricoles traditionnelles :" Si on prend une ferme africaine classique, on y trouve des arbres fruitiers, des légumes, des tubercules… C’est grâce à ce modèle que, pendant des siècles, l’Ouganda n’a jamais connu la famine".

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Éloge de la variété à l’heure où les monocultures de cannes à sucre et de palmiers à huile grignotent progressivement le continent, au nom du développement économique."Dans l’ouest du pays, les agriculteurs ont massivement planté du maïs. Sauf qu’il y a eu récemment une grosse sécheresse et que les plants n’ont pas résisté. On dit qu’il faut plus de nourriture pour l’Afrique… Mais c’est de diversité dont on a besoin".

"Défendre notre biodiversité et notre indépendance alimentaire"

Le jeune agronome croise le chemin de Slow Food en 2008, au moment où l’organisation met en place Terra Madre, son réseau de cultivateurs en Afrique. "Nous parlions la même langue !", s’enthousiasme le scientifique. Edie prend alors la tête d’une des antennes ougandaises de l’organisation et imagine des ateliers de jardinage dans les établissements scolaires situés en zone rurale. Un défi dans un pays où l’agriculture est dévalorisée.

"À l’école, le jardinage est une punition. Les élèves qui arrivent en retard doivent bêcher le potager de l’instituteur. On transmet aux jeunes un regard négatif sur l’agriculture, alors qu’elle peut apporter tellement de choses", souligne Edie, qui a financé ses études en vendant les produits de la ferme familiale.

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En février dernier, Slow Food salue son engagement en le nommant vice-président de Slow Food International et lui confie les rennes de son projet-phare : faire pousser des jardins sur tout le continent. Mille potagers bio, uniquement constitués de variétés locales et cultivés par des communautés rurales ou urbaines ont déjà vu le jour. L’objectif d’Edie est désormais de multiplier leur nombre par dix."C’est un challenge auquel il faut s’atteler dès maintenant, insiste Edie. Au moment où McDonald’s et KFC viennent s’installer en Afrique, nous devons défendre notre biodiversité et notre indépendance alimentaire. Nous sommes capables de nourrir notre continent !"

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