Little Foot est-il plus vieux que Lucy ?

La question n’est pas encore tranchée. Mais si les ossements de l’australopithèque Little Foot sont plus anciens que ceux de Lucy, leur découverte pourrait déplacer le berceau de l’humanité de l’Afrique de l’Est à l’Afrique du Sud.

Le visage de StW 573 australopithecus, dit « Little Foot ». © Ronald Clarke

Le visage de StW 573 australopithecus, dit « Little Foot ». © Ronald Clarke

Publié le 14 mars 2014 Lecture : 2 minutes.

Le squelette de l’australopithèque baptisé Little Foot est complet. Depuis sa découverte en 1997 par le paléoanthropologue sud-africain Ronald Clarke dans la grotte de Silberberg, à près de 35 km au nord-ouest de Johannesburg, treize années ont été nécessaires pour l’extraire après plusieurs millions d’années sous terre. Un travail minutieux réalisé notamment à la fraise de dentiste pour dégager Little Foot très probablement tombé accidentellement dans cette grotte de la province du Gauteng, zone inscrite au patrimoine de l’Unesco comme "Berceau de l’Humanité".

Le visage n’est pas endommagé malgré la chute de vingt mètres environ. On peut encore percevoir l’émail sur les dents. Les os sont préservés. Une main encore refermée sur le pouce constitue sans doute le dernier geste de cet australopithèque demeuré des millions d’années dans un état jugé "exceptionnel" par les scientifiques de l’université du Witwatersrand (Johannesburg) qui vont solliciter des experts français de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) pour effectuer une datation auparavant estimée à 3,3 millions d’années par Ron Clarke.

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Problème de sédimentation

Les résultats, rendus publics vendredi 14 mars à Paris et Johannesburg, sont à paraître dans le Journal of Human Evolution. Ils ont été obtenus à partir des sédiments qui entourent le fossile et qui sont estimés à un âge oscillant entre 1,5 et 2,2 millions d’années. Mais après des minutieuses enquêtes scientifiques, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que ces formations sédimentaires qui encerclent Big Foot se sont formées bien après la chute qui a provoqué sa mort, au fond d’une grotte inaccessible aux nombreux prédateurs qui auraient pu dévorer l’australopithèque.

Une autre méthode a donc été adoptée visant à analyser précisément les différentes strates géologiques et couches sédimentaires. "D’un point de vue géologique, selon nos travaux, rien ne s’oppose à une datation à 4 millions d’années", explique le géomorphologue de l’Inrap, Laurent Bruxelles, qui travaille sur Little Foot depuis 2007 avec une équipe pluridisciplinaire française qui intervient main dans la main avec ses homologues sud-africains à l’origine de la découverte.

Modélisation en 3D

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Une modélisation en 3D du pré-humain a également été entamée, ainsi que de son environnement, des drones équipés de caméra infrarouge survolant le site pour identifier les zones chaleur et ainsi repérer les différentes entrées de la grotte qui s’étend sur plusieurs kilomètres, tel un labyrinthe.

L’origine des australopithèques, qui succèdent aux hominidés, constitue un pan fondamental des travaux menés par les paléoanthropologues. Les découvertes en Afrique du Sud ont longtemps été qualifiées de "trop jeunes" par rapport aux australopithèques originaires d’Afrique de l’Est où a été notamment exhumée Lucy (Éthiopie, 1974), dont les ossements ont été estimés à 3,2 millions d’années. Mais ces derniers sont bien moins complets que ceux de Little Foot, un  Australopithecus promotheus "complet à 99%". Les recherches se poursuivent pour réduire la marge de datation de ce squelette qui pourrait bien être l’aîné de Lucy et ainsi déplacer le berceau de l’Humanité de l’Éthiopie vers l’Afrique du sud.

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