Guinée-Bissau : ouf de soulagement au PAIGC pour la présidentielle
Malgré une requête du parquet général visant à faire invalider la candidature de José Mario Vaz, du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), à la présidentielle prévue le 13 avril, la Cour suprême a entériné sa participation au scrutin…
Le PAIGC, parti emblématique de la guerre de libération et première force politique à l’Assemblée nationale populaire, peut respirer. La Cour suprême a validé, le 12 mars, la candidature à l’élection présidentielle de son candidat, l’ancien ministre des Finances José Mario Vaz. Désigné par le parti neuf jours plus tôt, à 72 heures de la date limite fixée pour le dépôt des candidature, celui-ci avait fait l’objet, en fin de semaine dernière, d’une demande d’invalidation déposée devant la Cour suprême par le procureur général du pays, Abdu Mané.
À l’origine de cette initiative, les soupçons pesant sur "Jomav" d’être impliqué dans le détournement présumé d’une aide budgétaire de 12,5 millions de dollars (9 millions d’euros) du temps où il était ministre des Finances de Carlos Gomes Junior, l’ancien premier ministre dont l’élection probable à la présidentielle de 2012 – il avait recueilli 48,97% des suffrages au premier tour – avait été interrompue par un coup d’état militaire.
Malgré cette épée de Damoclès judiciaire sur le candidat du PAIGC, la base légale de la requête introduite par le Parquet semblait hautement aléatoire. "Aux termes de la loi électorale, une candidature ne peut être invalidé que si l’intéressé a été définitivement condamné", analyse Vincent Foucher, spécialiste de la Guinée Bissau à l’International Crisis Group (ICG). Or dans ce dossier, "Jomav" a seulement fait l’objet d’auditions par la police judiciaire. C’est d’ailleurs ce que rappelle la Cour suprême dans sa décision, en rappelant que "la présomption d’innocence" doit s’appliquer.
Parti divisé
Du côté du PAIGC, on dénonce depuis vendredi dernier "une démarche dictée par des considérations politiques". "Le poste de procureur général est très politique en Guinée-Bissau", précise Vincent Foucher. Il est vrai que le parti le plus puissant du pays, majoritaire à l’Assemblée nationale, doit composer avec la défiance des forces armées – réticentes à voir un homme lié à Carlos Gomes Junior accéder aux plus hautes responsabilités – mais aussi avec des divisions entre les différentes factions du parti.
Une invalidation du candidat du PAIGC eût été de nature à remettre en cause la bonne tenue d’un scrutin plusieurs fois repoussé, censé se tenir le 13 avril. Face à ce risque, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU en Guinée-Bissau, José Ramos-Horta, a d’ailleurs estimé, une fois la requête connue, qu’"il n’y a aucune raison de l’empêcher ["Jomav"] de participer aux prochaines élections présidentielles".
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Mehdi Ba, à Dakar
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