Burundi : la crise politique s’aggrave après l’arrestation d’opposants
Le Burundi s’enfonce encore davantage dans la crise politique après l’inculpation mercredi d’un responsable de l’opposition et de 71 de ses militants. Ils sont accusés « d’insurrection » et risquent la prison à perpétuité.
Plus les jours passent, plus la crise politique s’aggrave au Burundi. Le 12 mars, la justice a inculpé d’"insurrection" Alexis Sinduhije, président du Mouvement pour la solidarité et le développement (MSD) et 71 autres militants de l’opposition. Une situation qui est loin de calmer les tensions en cours dans le pays.
Les arrestations d e ces opposants ont eu lieu samedi à l’issue d’affrontements particulièrement violents avec les forces de l’ordre. Un mandat d’arrêt a directement été émis contre Alexis Sinduhije, ancien journaliste, rentré d’exil il y a à peine un an. Il est notamment poursuivi pour "participation à un mouvement insurrectionnel armé en tant que leader de ce mouvement", a annoncé Arcade Nimubona, le procureur de Bujumbura, soulignant qu’une "procédure d’urgence" était enclenchée et qu’un procès pourrait avoir lieu "le plus rapidement possible".
Alexis Sinduhije, qui serait en fuite, est aussi le fondateur de la RPA, une des radios privées les plus écoutées du pays. Il avait déjà été contraint de quitter le Burundi en 2010, après les violences consécutives à la contestation des résultats des élections présidentielle et législatives et n’était rentré à Bujumbura qu’en mars 2013. Son parti, le MSD, fondé en 2009, très actif sur le terrain, recrute essentiellement dans la jeunesse burundaise. Comme la quasi-totalité de l’opposition, il avait boycotté la présidentielle et les législatives de 2010, largement remportées par le parti majoritairement hutu du président Pierre Nkurunziza, le CNDD-FDD.
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"Escalade dangereuse"
Aujourd’hui, l’opposition s’oppose farouchement à la volonté du pouvoir burundais de modifier la Constitution issue des accords de paix ayant mis fin à la guerre civile (1993-2006, 300 000 morts) et basée sur un subtil équilibre politico-ethnique. Seul parti politique d’opposition à avoir pris part aux élections de 2010, l’Union pour le progrès national (Uprona) a quitté récemment le gouvernement, isolant le parti au pouvoir, après une tentative des autorités de reprendre en main cette formation qui avait multiplié les critiques contre le projet de modification de la Constitution.
>> Lire aussi Charles Nditije : "Le pouvoir burundais et l’Uprona doivent dialoguer"
"Le pouvoir et l’opposition sont dans une logique de confrontation (…), explique Pacifique Nininahazwe, juriste et figure de la société civile burundaise. J’ai peur pour l’avenir car cela augure mal des élections de 2015 et même de la paix dans ce pays."
De son côté, un diplomate à Bujumbura ayant requis l’anonymat a qualifié mercredi les violences "d’escalade dangereuse". "Si rien n’est fait, si la communauté internationale ne fait pas pression sur les deux parties, notamment pour qu’il y ait ouverture du champ politique dans ce pays, les élections générales de 2015 sont très mal engagées", a-t-il estimé.
(Avec AFP)
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