Procès Pistorius : la défense tente de faire vaciller un témoin capital

Lors de la troisième journée du procès Pistorius, jeudi, la défense est passée à l’attaque en tentant de décrédibiliser un témoin capital.

Oscar Pistorius au tribunal de Pretoria, jeudi 6 mars. © AFP

Oscar Pistorius au tribunal de Pretoria, jeudi 6 mars. © AFP

Publié le 6 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

"Vous avez reconstruit l’histoire pour charger l’accusé!", a vivement accusé l’avocat d’Oscar Pistorius, jeudi 6 mars, au quatrième jour du procès du champion handicapé, pour tenter de nouveau de discréditer un témoin capital, qui a entendu la petite amie de l’athlète appeler à l’aide avant d’être abattue.
Mais le témoin, Charl Johnson, sous le feu des questions et insinuations de Me Barry Roux, n’a pas vacillé.

Cet homme, un informaticien discret à la voix fluette, visiblement très gêné par la gloire médiatique dont il jouit désormais, est précis et rigoureux et a affirmé, comme son épouse lundi et mardi, avoir entendu des cris de femme, des appels à l’aide d’un homme, et des coups de feu. "Le contraste entre la peur et l’intensité dans la voix féminine, et la monotonie de la voix masculine m’a frappé. (…) Il avait presque l’air embarrassé d’appeler à l’aide", a-t-il dit.
C’est à ce moment que l’avocat de la défense, alternant sourire narquois et ton comminatoire, a accusé l’informaticien d’avoir reconstruit son souvenir pour coller à la version d’un meurtre prémédité.

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"Je n’ai aucune raison de reconstruire l’histoire et d’incriminer qui que ce soit", a répondu le témoin à la juge.

La défense, tout au long du procès, va plaider la thèse de la méprise tragique. Pistorius, croyant à l’intrusion d’un cambrioleur par la fenêtre, aurait tiré quatre balles dans la porte des toilettes, sans savoir sur qui il faisait feu.

Quant à l’accusation, elle soutient la version d’une dispute qui a tourné au drame.

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Me Barry Roux a tout tenté pour faire dire au témoin que les sons qu’il avait entendus à trois heures du matin, à près de 180 mètres de distance, n’étaient pas des coups de feu, mais le bruit de la batte de cricket que Pistorius a utilisé pour défoncer la porte des toilettes, après avoir abattu sa petite amie qui y était enfermée.

Et que les cris d’épouvante poussés dans la nuit n’étaient peut-être pas ceux d’une femme, mais ceux d’Oscar Pistorius lui-même "dont la voix peut être aiguë" sous l’emprise de la panique.

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Mais le témoin a persisté, "J’ai des sens bien aiguisés", a-t-il dit, certain de pouvoir faire la différence entre une voix d’homme et une voix de femme, et entre des coups de feu et des coups contre une porte.

Balle reprise immédiatement au bond par l’avocat, rappelant que Charl Johnson avait admis n’avoir pas compté les coups de feu:  "Est-là une démonstration de vos sens aiguisés ?", a-t-il ironisé, en brandissant ses lunettes dans large geste, amplifié par la manche de sa robe noire.

Réplique de Charl Johnson : "Puis-je rappeler à Me Roux que les sens sont la vue, l’odorat, le toucher, le goût et l’audition, et que je ne les utilise pas pour compter…"

Et d’expliquer que, dans cette banlieue à l’extérieur de Pretoria proche d’une réserve animalière, le son se propage incroyablement bien la nuit. "Parfois avec mon épouse, nous entendons les jappements des chacals dans la réserve", a-t-il raconté.

Pistorius effondré

La Cour a ensuite appelé à la barre un autre voisin, "réveillé par trois coups de feu", suivis par "des cris de femme".

Johann Stipp, médecin radiologue, s’est rendu lui-même sur les lieux du drame quelques minutes après l’arrivée des vigiles de la résidence, pour voir s’il pouvait apporter de l’aide. Il a confirmé que Reeva Steenkamp agonisait lorsqu’il l’a vue, mais n’était pas encore morte. "La première chose qu’Oscar a dit", a-t-il ajouté, "c’est "j’ai tiré sur elle. J’ai cru qu’elle était un cambrioleur, j’ai tiré sur elle".

Le procureur a alors montré des photos et décrit le corps de Reeva Steenkamp tel qu’il fut retrouvé par la police. Assis, effondré tête baissée dans son box, Oscar Pistorius a posé ses mains sur oreilles pour ne pas entendre.

(Avec AFP)

 

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