Égypte : les journalistes jugés au Caire affirment avoir subi des tortures en détention

Jugés en Égypte pour des accusations de soutien aux Frères musulmans, des journalistes du réseau satellitaire du Qatar Al-Jazira se sont plaints, lors de la deuxième audience de leur procès, mercredi, d’avoir subi de mauvais traitements en détention.

Le journalister australien Peter Greste au tribunal du Caire. © AFP

Le journalister australien Peter Greste au tribunal du Caire. © AFP

Publié le 6 mars 2014 Lecture : 3 minutes.

Mercredi 5 mars se tenait au Caire la deuxième journée du procès des journalistes du réseau satellitaire du Qatar Al-Jazira, accusés de soutien aux Frères musulmans. Le journaliste australien Peter Greste, et ses confrères égypto-canadien Mohamed Fadel Fahmy et égyptien Baher Mohamed, arrêtés en décembre, sont apparus dans le box grillagé au côté de trois autres accusés, tous vêtus de la traditionnelle tenue blanche des prisonniers.

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Pendant l’audience, depuis le box des accusés, Soheib Saïd, l’un des accusés égyptiens, s’est plaint "de tortures physiques et de pressions psychologiques" de la part des services de sûreté de l’État. "Nous avons demandé à la médecine légale de nous examiner et personne n’a réagi".

Épaule cassée depuis 10 semaines

"Mon épaule est cassée depuis 10 semaines et je dors par terre" en cellule, a de son côté affirmé Fadel Fahmy à la cour. "Je vous demande de me libérer avec la garantie de l’ambassade canadienne que je ne quitterai pas le pays".

Son père, qui lui a rendu visite mardi, a affirmé qu’il avait "besoin d’une opération à l’épaule droite, mais les autorités pénitentiaires ne l’ont pas autorisée jusqu’ici".

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Durant l’audience, un responsable des services de sécurité a indiqué que Fadel Fahmy travaillait pour Al-Jazira Mubasher Misr et que "dans la mesure où il collabore avec une chaîne qui diffuse des fausses informations et coopère avec les Frères musulmans, c’est un membre" de la confrérie.

De son côté, Fadel Fahmy a insisté sur le fait que lui et les autres accusés travaillaient pour Al-Jazira English, précisant qu’il avait même dit au réseau satellitaire que "rien de son travail devrait apparaître sur Al-Jazira Mubasher Misr".

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Peter Greste a lui aussi démenti que les journalistes travaillent pour la chaîne égyptienne. "Rien, dans nos équipements, nous met en cause", a-t-il dit par ailleurs, en référence au matériel de l’équipe présenté par le parquet comme pièce à conviction.

"La seule accusation crédible est celle de possession de matériel de diffusion sans autorisation", a commenté un avocat de Fadel Fahmy, Ibrahim Abdel Wahab.

La chaîne de télévision qatarienne a dénoncé des accusations "infondées" et Mokhless El Salhy, un autre avocat de la défense, a indiqué qu’il allait "de nouveau demander leur libération sous caution".

Les autorités affirment également que les journalistes travaillaient sans accréditation, ce qu’a démenti Fadel Fahmy.

La prochaine audience a été fixée au 24 mars par la cour criminelle du Caire.

"Violation des libertés fondamentales"

Les autorités égyptiennes ont accusé le réseau Al-Jazira d’avoir pris fait et cause pour les Frères musulmans, proclamé comme un mouvement "terroriste", et ont fermé définitivement son antenne égyptienne, Al-Jazira Mubasher Misr.

Au total, ce sont 20 personnes présentées par le Parquet comme des journalistes d’Al-Jazira qui sont jugées. La chaîne de télévision, quant à elle, assure que seules neuf travaillent pour elle. Les 16 Égyptiens sont accusés d’appartenance à une "organisation terroriste" et les quatre étrangers de leur avoir fourni "argent, équipements et informations" pour "diffuser de fausses nouvelles" faisant croire à une "guerre civile dans le pays".

Trois autres journalistes étrangers sont jugés par contumace -les Britanniques Sue Turton et Dominic Kane et la Néerlandaise Rena Netjes.

En réaction à ce procès, Reporters sans Frontières a dénoncé "la poursuite de la violation des libertés fondamentales". En janvier, Human Rights Watch avait déploré "une tolérance quasi zéro", tandis qu’Amnesty International accusait l’Égypte de n’accepter "qu’une seule version des faits : celle autorisée par les autorités".

(Avec AFP)

 

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