Procès Pistorius : la défense met la pression sur les voisins du champion

Les voisins d’Oscar Pistorius, jugé depuis lundi à Pretoria pour le meurtre de sa petite amie, sont des témoins cruciaux pour l’accusation. Au cours des trois premiers jours du procès, ils ont été soumis à une pression proche de l’intimidation par l’avocat de l’athlète sud-africain.

Oscar Pistorius au troisième jour de son procès, le 5 mars 2014. © AFP

Oscar Pistorius au troisième jour de son procès, le 5 mars 2014. © AFP

Publié le 5 mars 2014 Lecture : 2 minutes.

Après le témoignage accablant, lundi 3 mars, de l’universitaire Michelle Burger, domiciliée dans la même résidence qu’Oscar Pistorius, un couple habitant à moins de 200 mètres de la maison du champion, lui informaticien, elle économiste, a été appelé à la barre. Tous ont entendu des cris ou des coups de feu la nuit du 14 février 2013, durant laquelle Pistorius, six fois médaillé d’or aux Jeux paralympiques et auréolé d’une participation historique avec les valides aux Jeux Olympiques de Londres 2012, soutient avoir abattu par erreur son amie Reeva Steenkamp, croyant tirer sur un cambrioleur caché dans les toilettes de sa maison. Si le parquet parvient à prouver qu’il l’a abattue sciemment, alors qu’elle était dans les toilettes fermées à clé, il risque une peine incompressible de 25 ans de réclusion.

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Le témoin suivant, Charl Johnson, a fait à son tour le récit de la nuit du drame et des hurlements qui l’ont brutalement tiré de son lit. Mais avant de livrer son témoignage, il s’est plaint d’avoir reçu des appels malveillants l’accusant de "mentir". L’incident a été directement provoqué par l’avocat du champion, Barry Roux. En effet, pendant l’interrogatoire de Michelle Burger, le juriste avait donné à haute voix le numéro de téléphone de Charl Johnson, l’époux de cette dernière, alors que le procès est retransmis en direct et suscite un intérêt mondial.

Johnson a raconté devant la cour qu’il était confiné, sans accès extérieur, dans une pièce du tribunal où attendent les témoins quand un interlocuteur inconnu lui a laissé ce message : "Pourquoi vous mentez au tribunal. On sait qu’Oscar n’a pas tué Reeva, ce n’est pas cool". Puis cet inconnu a ajouté "d’autres paroles que j’ai oubliées, mais intimidantes". Le téléphone de Charl Johnson n’a pas cessé de sonner par la suite, l’obligeant à l’éteindre. "C’est assez fâcheux. C’est par ce numéro que tous mes contacts personnels et professionnels me joignent", a ajouté l’ancien voisin de Pistorius, déplorant une atteinte grave à sa vie privée.

La tactique agressive de l’avocat "suscite le malaise"

Après le récit de ces événements, la juge sud-africaine Thokozile Masipa, sévère la veille avec les médias et qui avait interrompu l’audience après la diffusion à la télévision d’une photo du premier témoin, Michelle Burger, a laissé passer l’incident sans réagir et l’avocat de Pistorius n’a pas présenté ses excuses. Il a entrepris, sur un ton dédaigneux, un interrogatoire détaillé de Charl Johnson : quand et pourquoi a-t-il été sur son balcon ? Sa femme a-t-elle été réveillée par les cris ou parce que lui-même avait sauté du lit ? Combien de cris et combien de coups de feu a-t-il entendu ?

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"Votre épouse et vous auriez dû carrément comparaître ensemble dans le box des témoins", a ironisé Barry Roux, accusant implicitement le couple de s’être concerté pour accabler son client. "Vous n’aidez pas la justice avec ça M. Johnson", a-t-il persiflé. Le juge Masipa a alors interrompu l’avocat, suggérant qu’il allait trop loin, tandis que le représentant du parquet, Gerrie Nel, qui a prévu de citer 107 témoins à la barre, a critiqué cette tactique agressive de l’avocat de la défense et lui a reproché de "susciter le malaise".

(Avec AFP)

 
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