Égypte : reprise du procès contesté des journalistes d’Al-Jazira
Le procès des journalistes de la chaîne qatarie Al-Jazira, accusée de soutenir la confrérie des Frères musulmans, reprend mercredi en Égypte. Une affaire qui suscite de nombreuses critiques à l’égard des nouvelles autorités égyptiennes.
La deuxième audience du procès des journalistes d’Al-Jazira, dont quatre étrangers, accusés de soutenir les Frères musulmans, s’ouvre le 5 mars en Égypte. La procédure judiciaire suscite une forte réprobation internationale et de nombreux militants égyptiens disent craindre un retour d’un pouvoir autoritaire huit mois après l’éviction de Mohamed Morsi, seul président démocratiquement élu.
Dans un communiqué publié mardi, Reporters sans Frontières (RSF) dénonce "la poursuite de la violation des libertés fondamentales (…) par les autorités" alors même que "la Constitution (adoptée en janvier) contient certaines avancées plutôt encourageantes pour la protection de la liberté de l’information".
"Tolérance quasi zéro" en Égypte
Human Rights Watch déplore "une tolérance quasi zéro", tandis qu’Amnesty International évoque un "revers majeur pour la liberté de la presse" qui "envoie le message effrayant qu’aujourd’hui, une seule version des faits est acceptable en Égypte : celle autorisée par les autorités."
Selon l’Institut international de la presse (IPI), les forces de sécurité ont "systématiquement" accusé les journalistes d’aide au terrorisme et de diffusion de fausses nouvelles, "dans le but d’effrayer tous les journalistes et d’entraver une couverture indépendante".
Dès le 3 juillet, plusieurs chaînes ont disparu en effet des écrans égyptiens, dont celle des Frères musulmans. Deux mois plus tard, la justice entérinait leur fermeture définitive ainsi que celle de l’antenne égyptienne d’Al-Jazira : Al-Jazira Mubasher Misr. Depuis, plusieurs journalistes de la chaîne qatarie ont été arrêtés – deux d’entre eux sont en prison depuis l’été – et les locaux de la chaîne au Caire ont été perquisitionnés à plusieurs reprises.
Depuis huit mois, policiers et soldats répriment dans le sang les partisans de Mohamed Morsi, une répression qui a fait au moins 1 400 morts selon Amnesty International. Le Caire n’a pas du tout apprécié la façon dont Al-Jazira a couvert les événements, l’accusant de prendre fait et cause pour les Frères musulmans, déclarés "terroristes".
Et au-delà d’Al-Jazira, ce sont les relations entre l’Égypte et le Qatar qui se sont tendues : Le Caire a accusé Doha de soutenir les Frères musulmans et l’émirat gazier du Golfe a reproché aux nouvelles autorités leur violente répression des manifestations pro-Morsi.
(Avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- À Casablanca, la Joutia de Derb Ghallef en voie de réhabilitation
- Mali : ce que l’on sait de la disparition de Daouda Konaté
- En RDC, la nouvelle vie à la ferme de Fortunat Biselele
- Présidentielle en Côte d’Ivoire : la compagne de Tidjane Thiam sort de l’ombre
- Présidentielle en Côte d’Ivoire : la stratégie anti-fake news d’Alassane Ouattara