Ben Affleck ou la revanche africaine du beau gosse

Voici venu le nouveau concours à la mode entre les playboys du star-system américain  : orchestrer la plus impressionnante opération politico-caritative au bénéfice de l’Afrique. Le vainqueur de la semaine est Benjamin Geza Affleck et son engagement pour la RDC.

L’oeil de Glez. © Glez

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Publié le 2 mars 2014 Lecture : 2 minutes.

Lorsqu’un téléspectateur découvre sur son petit écran un comédien célèbre en pleine audition d’une commission américaine, il imagine qu’on diffuse une fiction et plonge ses doigts déjà gras dans son sachet de chips. La scène est classique, de Robert De Niro dans "La liste noire" d’Irwin Winklee à David Strathaim dans le film "Good night and Good luck" de George Clooney. Mercredi dernier pourtant, c’est bien un reportage que les chaînes d’information diffusaient en boucle. Le comédien Ben Affleck, cravaté, bien peigné, mais tout de même mal rasé, s’adressait à la commission des Affaires étrangères du Sénat, à Washington.

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Solennel, l’acteur attirait l’attention sur la situation à l’est de la RDC, invitant l’État américain à mieux cibler sa contribution à ce pays d’Afrique centrale. Il suggérait de privilégier des investissements, même à petite échelle, dans des projets portés par la force de travail congolaise, plutôt que de mettre simplement le Congo sous perfusion de l’aide. À la clé  : une promesse de partenariat "gagnant, gagnant". La combinaison entre une star hollywoodienne et une population martyrisée est-elle aussi un pacte "gagnant, gagnant" ? Qui peut comprendre, s’il ne l’a pas vécue, la malédiction du beau gosse  ? Celui qui a la chance d’avoir un physique commun ou, mieux, une franche gueule cassée, peut-il appréhender l’anathème qui paralyse le comédien doté, à son… corps défendant, d’une fossette au menton ou d’une crinière épaisse  ? Un petit rôle "alimentaire" dans une comédie romantique glamour et vous êtes marqué au fer rouge. À moins que…

Une stratégie en plusieurs actes – comme un valorisant drame élisabéthain – permet de conjurer le mauvais sort…

Acte 1 : Réaliser un long-métrage sur une crise américano-quelque-chose comme "Argo" de Ben Affleck, sur la prise d’otages américains en Iran, en 1979. Oscar à la clé. 

Acte 2 : Créer une association à but non lucratif à l’intention de l’Afrique, comme "The Eastern Congo Initiative" qui a conduit Ben Affleck dans l’ex-Zaïre, à plusieurs reprises. Possibilité d’accéder aux sénateurs des États-Unis d’Amérique…

Le star-system américain ne remerciera jamais assez l’Afrique.

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Acte 3 : Susciter le buzz en inventant une fausse dispute avec un collègue. Il y a quelques jours, les principaux sites de partage de vidéos diffusaient un clip où Ben Affleck et Matt Damon –autre beau gosse– se moquaient l’un de l’autre. En réalité, il s’agissait de récolter des fonds en simulant la concurrence entre leurs associations respectives, "The Eastern Congo Initiative" pour l’un et "Water.org" pour l’autre. La seconde, comme la première, appelle à venir au secours du continent noir…

Le star-system américain ne remerciera jamais assez l’Afrique  : Madonna pour ses enfants David et Mercy adoptés au Malawi  ; Angelina Jolie pour la maternité namibienne qui lui a permis d’accoucher de Shiloh Jolie-Pitt  ; Le regretté Peter O’Toole pour les décors naturels que le Maroc offrit au film "Lawrence d’Arabie" ; George Clooney pour ce méchant adversaire soudanais plus convaincant que tous ceux qu’il a pu affronter au cinéma  ; et Ben Affleck pour le teint à peine buriné et le ton légèrement grave que lui confèrent ses séjours en RDC.

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Damien Glez

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