Centrafrique : avec 19 tués depuis décembre, la Misca paie un lourd tribut sur le terrain
La force africaine en Centrafrique, la Misca, a perdu dix-neuf de ses soldats depuis décembre. Un bilan qui n’empêche pas la population de se méfier de ses diverses composantes.
Souvent décriée pour son inefficacité ou la partialité de certains de ses membres, la force africaine en Centrafrique (Misca) paie un lourd tribut sur le terrain. Treize soldats tchadiens, cinq combattants congolais, et un soldat de l’armée de RDC ont été tués depuis décembre en Centrafrique.
"Oui le tribut payé est lourd", souligne à l’AFP le général camerounais Martin Tumenta Chomu, chef des opérations militaires de la Misca, forte actuellement d’environ 5 700 hommes. "Mais tout soldat de la paix sait qu’il peut mourir pour la paix (…). Nous ne sommes pas là pour fuir les responsabilités", ajoute le militaire.
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Un haut-gradé français relève quant à lui que "comme toujours dans ce genre d’interventions, les gens mettent en doute l’efficacité des troupes africaines, mais ce bilan est bien la preuve que ces soldats sont déployés et qu’ils s’interposent". Les militaires africains "paient le prix du sang. Ils ne sont pas là pour se tourner les pouces", insiste-t-il.
"Les Tchadiens qui font n’importe quoi"
Les Tchadiens sont les premières cibles des attaques contre la Misca, eux qui sont souvent assimilés par la population aux civils musulmans et aux combattants Séléka, dont certains venaient du Tchad. Ils ont également été accusés à de nombreuses reprises de collusion avec des Séléka, alimentant la colère de la population chrétienne.
"Dans notre quartier ce sont les Congolais qui nous sécurisent. Ils s’intègrent parfaitement, et se rapprochent bien des habitants. Ils ne sont pas comme les Tchadiens qui font n’importe quoi", affirme notamment Jean-Pierre Nganam, cordonnier habitant le quartier Assana, à Bangui. "Si tous les Misca opéraient comme les Burundais, Bangui serait déjà sécurisée, assure quant à lui Gabin-Thierry Kolé, un étudiant. Ils mènent les patrouilles à pied, empruntent les ruelles dans les quartiers, débusquent des individus armés qu’ils désarment".
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Mais les Tchadiens ne sont pas les seuls à susciter la méfiance des Centrafricains. Pour Marie Zara, une assistante sociale, "les Rwandais, comme les Tchadiens, sont très proches des musulmans, et les poussent à attaquer les maisons des chrétiens, ils ne nous inspirent pas confiance". José Gousséma, enseignant, a encore une autre théorie. "Les Camerounais n’aiment aller que là où il n’y a pas un coup de feu, dit-il. Ils aiment protéger les banques, les maisons de commerce en raison de l’argent qu’on leur donne pour cela".
(Avec AFP)
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