RDC : pourquoi Kinshasa ne peut pas arrêter Omar el-Béchir sur son sol

Profitant de la présence d’Omar el-Béchir à Kinshasa du 26 au 27 février, 88 ONG congolaises des droits humains exigent « l’arrestation immédiate du président soudanais », poursuivi pour crimes contre l’humanité. Une démarche qui met les autorités de la RDC dans une « situation bien délicate » dans sa coopération avec la CPI.

Omar el-Béchir, le président soudanais. © AFP

Omar el-Béchir, le président soudanais. © AFP

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Publié le 26 février 2014 Lecture : 2 minutes.

Omar el-Béchir a-t-il pris un risque en se rendant à Kinshasa ? Depuis l’annonce de l’arrivée du président soudanais dans la capitale congolaise pour participer au XVIIe sommet du Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe, NDRL) du 26 au 27 février, les ONG congolaises des droits humains se mobilisent pour demander « l’arrestation immédiate » de celui qui est poursuivi depuis 2009 pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide.

La Cour pénale internationale (CPI) a en effet déjà émis deux mandats d’arrêts internationaux – en 2009 et en 2010 – contre Omar el-Béchir pour sa responsabilité « en tant que coauteur ou auteur indirect » des crimes graves commis notamment au Darfour, dans l’ouest du Soudan. La procureure Fatou Bensouda l’a rappelé, le 25 février, en demandant à la chambre de la Cour de rappeler à la RDC son « obligation permanente » de coopérer en vue de l’arrestation des personnes poursuivies par l’institution pénale internationale.

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« Une situation bien délicate » pour la RDC

Souvent classée parmi les « bons élèves » de la CPI, la RDC – qui a arrêté et remis à la Cour encore récemment un député poursuivi pour « subornation des témoins » – va-t-elle exécuter les deux mandats émis contre Omar el-Béchir ?

La RDC est tenue à respecter la position de l’UA sur les mandats d’arrêt émis contre les chefs d’États en exercice.

Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais

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« C’est une situation bien délicate », admet Lambert Mende. Contacté par Jeune Afrique, le porte-parole du gouvernement congolais demande aux ONG qui réclament l’arrestation d’Omar el-Béchir de « comprendre que la RDC a non seulement des obligations auprès de la CPI, mais également auprès du Comesa qui a invité le président soudanais dans la capitale congolaise ». Décodage : Kinshasa ne va pas arrêter Omar el-Béchir. Mais « cela ne veut pas dire que les autorités congolaises refusent de coopérer avec la CPI », tente de nuancer Lambert Mende. La RDC s’aligne seulement derrière « une position claire de l’Union africaine par rapport aux mandats d’arrêts émis contre les chefs d’État en exercice ». « C’est un cas spécifique », insiste-t-il.

La Monusco appelée à « intervenir »

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Une position qui ne surprend pas les ONG. Elles s’y attendaient même. »Nous avons prévu de rencontrer Martin Kobler, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, pour lui demander d’intervenir, en cas du refus des autorités congolaises », explique Me Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice. Et de rappeler : « En vertu de la résolution 2098 du Conseil de sécurité, la Monusco (Mission de l’Onu pour la stabilisation de la RDC) se doit d’appuyer les initiatives qui visent à arrêter et à traduire en justice les personnes responsables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, notamment en coopération avec la CPI ». Pour l’instant, silence radio du côté de la Monusco.

En attendant, « une grande banderole sera déroulée pour appeler à l’arrestation immédiate d’Omar el-Béchir à Kinshasa », annonce Germain Kapiamba. Les ONG, elles, comptent également déposer une plainte devant le parquet général de la république pour demander au procureur congolais d’exécuter les mandats de la Cour. Pas gagné.

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