Nigeria : tout savoir sur le centenaire de l’unification en 3 questions

Débutées il y a un mois, les festivités du centenaire de l’unification du Nigeria s’achèvent jeudi avec une cérémonie organisée à l’Abuja Stadium. Une quinzaine de chefs d’État africains y prennent part. Le président français, François Hollande, y est l’invité d’honneur et il prononcera le discours de clôture.

Près de 28 chefs d’État et de gouvernement doivent assister aux célébrations. © D.R.

Près de 28 chefs d’État et de gouvernement doivent assister aux célébrations. © D.R.

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Publié le 27 février 2014 Lecture : 3 minutes.

À l’issue de la Conférence de Berlin en 1885, les Britanniques deviennent les administrateurs de deux protectorats comprenant le nord et le sud de l’actuel Nigeria. Ils sont situés sur les territoires de la Royal Niger Company et de la "côte du Nigeria" (aujourd’hui Lagos).

Drapeau du protectorat du Nord

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Drapeau du protectorat du Sud

Le Nord et le Sud du Nigeria fusionnent en janvier 1914. Le Britannique Sir Lord Lugard, alors administrateur colonial du Nord, est à l’origine de cette union donnant naissance à la colonie du Nigeria (Colony and Protectorate of Nigeria).

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Le 1er drapeau du Nigeria

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Si le Nigeria célébre avec faste ce centenaire, c’est que maintenir l’unité entre le Nord majoritairement musulman et le Sud majoritairement chrétien est l’une des priorités de l’État fédéral depuis son indépendance, le 1er octobre 1960. C’est notamment pour cette raison qu’il existe une règle informelle, appelée "Zoning System", selon laquelle on alterne, tous les deux mandats, entre un président du nord et un président du sud.

Le "Zoning System" a été théorisé en 1979 par le nordiste Shehu Shagari, le premier président civil élu du pays, avec le double objectif de rendre les institutions démocratiques et de favoriser la représentativité des différents groupes ethniques pour réduire les risques de déstabilisation dans la jeune nation nigériane. Le terme "zoning" renvoie aux six zones géographiques du pays dont 3 se trouvent au nord et 3 au sud.

Cet accord tacite n’a pas été totalement respecté en 2011. Olusegun Obasanjo, sudiste-chrétien, quitte le pouvoir en 2007 après y avoir passé 15 ans. Le nordiste-musulman Umaru Yar’Adua lui succède mais décède en mai 2010. L’intérim est assuré par son vice-président le sudiste-chrétien Gooodluck Jonathan. Problème, ce dernier remporte le scrutin un an plus tard, en mai 2011, rompant alors l’accord d’alternance.

  • Qui sera présent aux célébrations ?

Débuté il y a un mois, les festivités du centenaire de l’unification du Nigeria s’achèvent jeudi. Une cérémonie est organisée à l’Abuja national stadium, à partir de 19 heures. Une quinzaine de chefs d’État devraient y assister. La plupart viendront de la sous-région : Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Ghana, les deux Guinée, Mali, Niger, Sénégal, Sierra Leone, Togo… Seul absent de marque : le président ivoirien Alassane Ouattara, en convalescence. Le Rwanda, le Kenya et le Malawi devraient également être représentés au plus haut niveau. L’Afrique du Sud a annoncé la venue de son vice-président. Seul chef d’État occidental présent, le président français François Hollande sera l’invité d’honneur. Enfin, Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, sera lui aussi des festivités. Hollande ne sera accompagné que d’un ministre : Laurent Fabius (Affaires étrangères).

  • Quels enjeux pour Goodluck Jonathan ?

Ces célébrations interviennent dans un contexte délicat pour le président Goodluck Jonathan. Ce dernier apparaît de plus en plus fragilisé. Les membres du parti au pouvoir, le Parti démocratique du peuple (PDP), démissionnent les uns après les autres avec pour objectifs d’empêcher sa réélection. Outre ces multiples défections, Goodluck doit aussi faire face à un scandale de corruption sans précédent, qui touche le secteur clé du pays. La société pétrolière nationale nigériane (NNPC) est soupçonnée d’avoir détourné 20 milliards de dollars. Une affaire portée sur la place publique par Lamido Sanudi, le gouverneur de la banque centrale du Nigeria (CBN).

En parallèle des célébrations, qui seront donc l’occasion pour Jonathan d’apparaître comme le garant de l’unité nationale, le Nigeria accueille une conférence internationale sur la paix et la sécurité en Afrique. Selon le secrétaire au gouvernement fédéral Anyim Pius Anyim, cet évènement a pour objectif "d’attirer l’attention de l’Afrique sur le besoin de lutter contre l’insécurité sur le continent".

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Par Vincent Duhem

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