Crise Maroc-France : des milliers de manifestants à Rabat

L’actuelle brouille entre la France et le Maroc dépasse désormais les canaux diplomatiques. Des milliers de personnes ont manifesté mardi devant l’ambassade française à Rabat.

Le président François Hollande et le roi Mohammed VI le 3 avril 2013 à Casablanca. © AFP

Le président François Hollande et le roi Mohammed VI le 3 avril 2013 à Casablanca. © AFP

Publié le 26 février 2014 Lecture : 3 minutes.

La tension ne retombe pas entre Marocains et Français, engagés depuis la semaine dernière dans une rare querelle diplomatique. Mardi 26 février, des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France à Rabat. D’ordinaire bien cadrée, la relation entre les deux pays a connu ces derniers jours un sérieux coup de froid, à la suite du dépôt de plaintes à Paris visant le patron du contre-espionnage marocain mais aussi de déclarations embarrassantes prêtées à un ambassadeur français.

Le Maroc est une "maîtresse avec laquelle on dort toutes les nuits, dont on n’est pas particulièrement amoureux mais qu’on doit défendre", aurait affirmé, en 2011, le diplomate à l’acteur espagnol Javier Bardem, producteur d’un documentaire sur le Sahara occidental. D’après le journal Le Monde, qui a rapporté ces propos, leur auteur serait l’Ambassadeur français auprès des Nations unies.

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Rabat a rapidement fustigé des propos "scandaleux" et "inadmissibles". Mardi après-midi, des milliers de Marocains ont à leur tour marqué leur désapprobation lors d’une manifestation qui s’est déroulée en ordre dispersé mais dans le calme devant l’ambassade de France.

"Ambassadeur, lâche ! Le Maroc ne peut être insulté !"

Divers appels avaient été lancés, par les "Jeunesses royalistes" mais aussi par certains partis politiques et leurs sections de jeunes. La foule a brandi de nombreuses banderoles marquant son incompréhension, voire sa colère, au milieu d’une marée de drapeaux.

"Les mots utilisés par l’ambassadeur français sont des insultes pour le Maroc et tous les Marocains", a indiqué Saïd Sebri, coordinateur d’un groupe de jeunes venus par bus de Casablanca, la capitale économique du royaume. "Ambassadeur, lâche ! Le Maroc ne peut être insulté !", a entonné un autre groupe. La police, présente en nombre, s’est contentée de sécuriser les abords de la représentation.

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Pour tenter d’apaiser les tensions, François Hollande a personnellement contacté lundi soir Mohammed VI, en tournée dans plusieurs pays africains, pour lui assurer "l’amitié constante" de la France. L’entretien téléphonique était destiné à "dissiper les malentendus" et s’est déroulé "dans une tonalité de confiance", a expliqué mardi la présidence française.

Dès la veille au soir, le Palais royal avait évoqué des "clarifications" et un souhait commun "d’œuvrer dans l’esprit des relations d’exception" entre les deux pays.

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Diplomatie et justice

L’incident diplomatique a débuté jeudi dernier avec l’annonce du dépôt, par l’ONG Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat), de deux plaintes pour "complicité de torture" contre le Directeur général de la surveillance du territoire (DGST), Abdellatif Hammouchi.

Le Royaume s’est montré particulièrement furieux de la descente effectuée ce jour-là par sept policiers à la résidence de son ambassadeur, à Paris, pour notifier à Abdellatif Hammouchi, alors en visite dans la capitale française, une convocation émanant d’un juge d’instruction. Accusant leurs alliés d’avoir ignoré les traditionnels canaux diplomatiques, les autorités marocaines ont rejeté ces accusations et convoqué l’ambassadeur de France à Rabat.

De son côté, le Quai d’Orsay a évoqué un "incident regrettable", promis que "la lumière" serait faite et reçu l’ambassadeur marocain. Mais le royaume a signifié qu’il jugeait cette démarche insuffisante en reportant une visite de Nicolas Hulot, "envoyé spécial du président français pour la planète".

Une troisième plainte, pour "torture", a depuis été annoncée en France contre le patron du contre-espionnage marocain. Les autorités marocaines n’ont pas réagi à ce dernier cas. Entre-temps, les propos prêtés au diplomate français sont venus tendre un peu plus une atmosphère déjà électrique.

(Avec AFP)

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