Rwanda – Procès Simbikangwa : « Il a dit qu’il fallait tuer les Tutsis »
La quatrième semaine du procès de Pascal Simbikangwa a débuté lundi par le témoignage de plusieurs membres des milices hutu Interahamwe.
Plusieurs membres des milices hutu Interahamwe ont témoigné lundi 24 février lors du procès de Pascal Simbikangwa, premier Rwandais jugé en France pour le génocide de 1994.
Au moment des faits, Théoneste Habarugira avait une vingtaine d’années. Hutu, agriculteur dans la préfecture de Gisenyi, il a massacré des Tutsi, armé "d’un gourdin et une grenade". "Sur les barrières (installées sur les routes et chemins du pays) on demandait les cartes d’identité et quand ils montraient Tutsi, alors on tuait", a-t-il raconté.
En juillet 1994, il a fui au Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo) voisin dans le sillage du régime génocidaire défait par la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais, toujours au pouvoir à Kigali. Il a intégré les groupes armés "dans la forêt", avant d’être capturé en 1996 lors d’une incursion au Rwanda. Après six mois d’un camp de rééducation, il a été jugé et condamné à 22 ans de prison, dont il a purgé "près de sept".
>> Lire aussi : Un ancien colonel français dénonce un ""génocide judiciaire" des Hutus"
Devant la cour d’assises de Paris, il a directement impliqué l’accusé dans ces tueries. "Le 7 (avril, la veille de l’attentat contre l’avion du président Juvénal Habyarimana, NDLR) dans l’après-midi il (Simbikangwa) est venu à une réunion à Kibihekane qui préparait une attaque. Il a dit qu’il fallait tuer les Tutsi (…). Il a dit que nous devions éliminer l’ennemi où qu’il soit", raconte le témoin.
Par la suite, il affirme avoir vu Pascal Simbikangwa diriger depuis un 4×4 blanc des entrainements de miliciens "Interahamwe", dont Théoneste Habarugira dit lui-même avoir été un membre "important". "Nous effectuions du pillage, et au retour étions rémunérés en boisson", poursuit-il via un interprète.
Jean de Dieu Bihintare, 52 ans aujourd’hui, était à la réunion de Kibihekane. Il a vu le capitaine Simbikangwa, mais ne l’a pas entendu parler, étant arrivé en retard. Lui aussi a suivi les consignes de "barrer la route à l’ennemi" tutsi, affecté à des barrages où il "faisait (son) travail". Il "n’était pas possible qu’il y ait un ordre des autorités et que toi simple citoyen tu ne l’exécutes pas". Il a payé ses actions de six ans de prison.
Pour la défense, Me Alexandra Bourgeot exhume un jugement du Tribunal pénal international pour le Rwanda soulignant que le témoin avait menti sur un point en déposant devant cette juridiction.
"De ma vie je n’ai jamais mis les pieds à Kibihekane", un village proche de celui de ses parents, assure de son côté Pascal Simbikangwa.
(Avec AFP)
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