RDC : plusieurs blessés dans la répression d’un rassemblement de Vital Kamerhe à Bukavu
La dispersion par la police d’un rassemblement de Vital Kamerhe jeudi à Bukavu (est de la RDC) a fait 20 blessés, selon les autorités, 26 selon des sources hospitalières. Le parti de l’opposant affirme, lui, que deux personnes ont été tuées.
Mis à jour le 21/02 à 9h45
La "caravane de la paix" de Vital Kamerhe dans l’est de la RDC a donné lieu, jeudi 20 février, à des scènes de chaos dans le centre-ville de Bukavu. Selon des sources concordantes, plusieurs partisans de l’opposant, qui s’étaient rassemblés pour le porter en triomphe jusqu’au lieu de son meeting, ont été blessés par les forces de l’ordre lorsque celles-ci les ont dispersés, utilisant notamment des tirs de gaz lacrymogène. Des tirs à balles réelles auraient également été entendus.
Marcelin Cishambo, le gouverneur de la province du Sud-Kivu, faisait état en fin de journée d’un bilan de 20 blessés, dont 12 civils et 8 policiers, tandis que l’Union pour la nation congolaise (UNC, le parti de Kamerhe) affirmait avoir dénombré deux morts et une douzaine de blessés dans ses rangs. Des sources hospitalières font elles état de 26 blessés.
>> Lire l’interview de Vital Kamerhe : "Kabila veut m’exclure du jeu politique"
Interdiction tardive
Arrivé à Goma, dans l’est du pays, le 18 février, pour sa "caravane de la paix", Vital Kamerhe avait prévu de tenir un meeting ce jeudi sur la place de l’indépendance de Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu. La veille du rassemblement, les autorités municipales lui avaient interdit l’accès à cette place.
Selon plusieurs témoins, vers 17 heures, la centaine policiers qui empêchaient l’accès à la place ont effectué des tirs de sommation avant d’employer des gaz lacrymogène et de charger les manifestants. Vital Kamerhe, qui était porté par certains de ses partisans sur un tipoye (chaise à porteur) en direction de la place, aurait lui-même fait une chute.
Plusieurs boutiques et véhicules ont été cassés ou incendiés, dont une jeep de la police.
Plusieurs boutiques et véhicules, dont une jeep de la police, ont été cassés ou incendiés. Des groupes de partisans de Vital Kamerhe étaient toujours rassemblés dans la ville en fin de journée, certains brûlant des pneus en signe de protestation.
L’UNC avait demandé l’autorisation de tenir son meeting sur la place de l’indépendance il y a plusieurs jours. "Le maire avait accepté que le rassemblement se tienne, mais il avait indiqué à l’UNC la veille qu’il devait avoir lieu au stade de Kadutu", affirme le gouverneur Marcelin Cishambo. "Ce sont ses partisans qui ont commencé à jeter des pierres sur les forces de l’ordre. Celles-ci ont répliqué avec des tirs de gaz lacrymogène. Elles n’avaient pas d’armes létales", assure-t-il.
Stade trop petit ?
"Ce sont les forces de l’ordre qui ont ouvert le feu sur nos partisans, d’abord avec des gaz lacrymogène, ensuite à balles réelles", rétorque André Claudel Lubaya, premier secrétaire général adjoint de l’UNC. Le maire a voulu nous cantonner dans un stade de 10 000 places tout en sachant que c’était impossible : il y avait 300 000 personnes dans les rues." Lubaya affirme ne pas savoir si les deux morts évoqués par l’UNC ont été tués par balles ou lors de la bousculade.
Le déplacement de Vital Kamerhe dans l’est du pays avait déjà été reporté à deux reprises au début du mois, les autorités congolaises empêchant l’ancien président de l’Assemblée nationale de décoller de Kinshasa. Le ministre de l’Intérieur, Richard Muyej, avait alors indiqué à Jeune Afrique qu’une des raisons de ces reports était sa volonté de mieux organiser le déplacement de l’opposant, afin d’éviter que le calme précaire qui prévaut dans la région ne soit perturbé.
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Pierre Boisselet, avec Trésor Kibangula
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