Presse algérienne : Djamel Ghanem, un caricaturiste poursuivi pour un dessin non publié
Poursuivi entre autres pour outrage au président de la république, le caricaturiste Djamel Ghanem risque 18 mois de prison pour un dessin qu’il n’a jamais publié. Mais la mobilisation s’organise.
Le tribunal correctionnel d’Oran a requis, le 11 février dernier, 18 mois de prison et 30 000 dinars d’amende à l’encontre du caricaturiste Djamel Ghanem. Pourtant, le dessin en question n’a jamais été publié. Et c’est le propre journal du dessinateur, La Voie de l’Oranie, qui a porté plainte en octobre contre son employé…
Trois chefs d’accusation pèsent contre ce dernier : outrage à l’encontre du président de la République, abus de confiance et accès frauduleux au système de traitement de données informatiques du journal dans lequel il exerçait.
"Djamel Ghanem a dessiné un homme corpulent et chauve qui ne ressemble pas au président Bouteflika. Il a dessiné un citoyen lambda qui demande à un pharmacien : ‘Avez vous des couches bébés ?’ Le pharmacien rétorque : ‘De quel mandat ?’ L’homme répond ‘4e mandat…’" C’est ainsi que Youcef Dilem, avocat du dessinateur, décrit la caricature incriminée. "Djamel illustrait l’assistanat du peuple algérien (…) Au tribunal, toutes les questions relatives au dessin ont été rejetées et nous n’avons pas évoqué son interprétation", regrette-t-il.
Pressions
"Cette affaire est une atteinte à la liberté de la presse. (…) Djamel a peur. Il m’a confié avoir subi des pressions de la part du juge d’instruction", poursuit l’avocat, qui défend également le syndicat national des journalistes.
La décision sera rendue le 4 mars. En attendant, confrères et citoyens manifestent leur soutien à travers les réseaux sociaux. Une page et un évènement Facebook ont été créés, tandis qu’une pétition circule et rassemble déjà 1 500 signatures.
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