Côte d’Ivoire – FPI : une convention à haut risque pour Affi N’Guessan

La convention du FPI qui se tient les 21 et 22 février en Côte d’Ivoire est un grand test pour le président du parti, Pascal Affi N’Guessan. Qui doit s’imposer sur les partisans du « Tout sauf Gbagbo » pour pouvoir se présenter face à Ouattara à la présidentielle de 2015.

Le président du FPI Pascal Affi N’Guessan, au siège du parti, en août 2013. © Kambou Sia/AFP

Le président du FPI Pascal Affi N’Guessan, au siège du parti, en août 2013. © Kambou Sia/AFP

Publié le 19 février 2014 Lecture : 3 minutes.

Les 21 et 22 février prochains, le Palais des sports de Treichville accueille la 7e convention ordinaire du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), en l’absence de son leader charismatique Laurent Gbagbo, détenu à la prison de la Cour pénale internationale (CPI) à Scheveningen (Pays-Bas). Un rendez-vous à haut risque pour l’actuel président du parti à la rose, Pascal Affi N’guessan.

Tout d’abord, l’événement dérogera à la règle inscrite dans les articles 34 et 35 des statuts du parti, qui stipulent qu’une convention doit se tenir entre deux congrès. Or la prochaine suivra directement celle du 30 avril 2012, qu’avait organisée Miaka Oureto, lequel présidait alors la direction par intérim. Mais ce n’est pas le seul reproche qui sera adressé à Affi N’Guessan, dont la stratégie suscite des divergences de plus en plus marquées au sein du parti.

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À la tête des frondeurs, qui accusent le patron du FPI de renvoyer le cas de Laurent Gbagbo aux calendes grecques : Justin Koné Katinan, le porte-parole officiel de l’ancien président. Exilé au Ghana, ce dernier a publié le 12 février dernier un pamphlet à l’allure de mise en garde envers le clan Affi N’Guessan. "L’essentiel et le préalable à tout, c’est bien la libération du président Laurent Gbagbo et son retour en Côte d’Ivoire où l’attend son peuple (…). Il n’y a pas d’autre voie de rechange", écrit-il.

Conflit ouvert

Une sortie qui témoigne du conflit désormais ouvert entre les deux tendances du FPI. Avant Koné Katinan, l’un des vice-présidents du parti, le taciturne mais virulent Aboudrahamane Sangaré, ex-ministre des Affaires étrangères, avait lui aussi tenté de rappeler à l’ordre Affi N’Guessan. Pour lui, le seul combat qui vaut d’être actuellement mené est aussi celui de la libération de Laurent Gbagbo et rien d’autre.

Lors de la convention de Treichville, l’affrontement entre les deux lignes politiques semble inévitable. "Aujourd’hui, ce sont les pro-Gbagbo ‘hyper extrémistes’, opposés à la paix, contre les pro-Gbagbo doux et conciliants, véritables orfèvres de la paix", poursuit Koné Katinan. Les cadres exilés du FPI au Ghana, Assoa Adou, Lazare Koffi Koffi et, en France, Ohouochi Clotilde soutiennent le porte-parole de Gbagbo et refusent de rentrer au pays. La mission au Ghana des vice-présidents du FPI Michel Amani N’Guessan et Sébastien Dano Djédjé, en janvier dernier, a fait choux blanc. Et plus personne ne semble disposé à servir de "rabatteur" si c’est pour servir les ambitions non dissimulées d’un Affi N’Guessan.

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La convention sera l’occasion de dire aux militants que le FPI n’est pas mort.

Norbert Kouadio Blé, soutien de Affi N’Guessan

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"Un homme sans ambition n’en est pas un", réagit Norbert Kouadio Blé, membre de la plateforme des fédérations de la Vallée du Bandama 1 (Bouaké) et fervent défenseur de la ligne du président du parti. "Après la sortie de Affi, les choses bougent et la convention sera l’occasion de dire aux militants que le FPI n’est pas mort, se félicite-t-il, non sans lancer une pique à Miaka Oureto.

"Notre priorité, c’est la reconquête du pouvoir. Aujourd’hui, il y a beaucoup de nos camarades qui sont dans l’émotion, les divergences sont le symbole de la démocratie, le vrai problème de la Côte d’Ivoire, c’est la paix et la sécurité", minimise de son côté Eugène Kouadio Djué, alias "Marechal Djué", sous sanction onusienne depuis 2006.

>> Lire aussi : Quels sont les possibles rivaux de Ouattara en 2015 ?

Légitimité interne

Pour Affi, il s’agira donc de renforcer sa légitimité interne en vue de la présidentielle de 2015 à laquelle il entend bien participer. Juste après la convention, il a d’ailleurs prévu un meeting pour s’adresser aux militants de base, le 23 février prochain à Yopougon, le fief de Gbagbo. "Le combat se fait au plan local, nous devons aller aux élections et cela se prépare", explique Norbert Blé. Mais le recadrage de Koné Katinan risque de chauffer à blanc les partisans du "Rien sans Gbagbo".

Affi a-t-il une longueur d’avance sur ses opposants internes ? Il a en tout cas tenté d’anticiper les coups de butoirs de ses camarades en cherchant des soutiens… chez ses rivaux politiques. Il a rendu visite le 9 décembre dernier aux dirigeants du Rassemblement des républicains (RDR, au pouvoir). Il a été reçu, entre autres, par Amadou Gon Coulibaly, le secrétaire général de la présidence. Mais il a aussi rencontré le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié, le 30 janvier dernier et enfin Charles Konan Banny, le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), le 6 février. Objectif de ces entrevues : assurer la survie d’un parti ruiné et divisé, mais aussi renforcer sensiblement ses chances de sortir victorieux d’une convention qui s’annonce très débattue…

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