Libye : trois ans après la chute de Kadhafi, l’incertitude demeure
Le troisième anniversaire du début de la révolution qui a mis fin en 2011 au régime de Mouammar Kadhafi a été célébré lundi dans un climat d’incertitude. Le Premier ministre, Ali Zeidan, en a profité pour appeler les Libyens à « faire preuve de volonté » pour relever le « défi ».
Trois ans après le début de la révolte du 17 février 2011 qui a entraîné la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye traverse encore aujourd’hui une profonde crise politique marquée par une insécurité permanente dans le pays. L’occasion pour le Premier ministre Ali Zeidan d’appeler les Libyens à "faire preuve de volonté" pour faire face aux difficultés politiques et économiques.
Les suites de la révolte constituent un "défi" pour les Libyens, a affirmé Ali Zeidan. "Il s’agit d’une aventure qui n’est pas simple, semée d’embûches et d’étapes qui nécessitent la volonté de tous pour être surmontées", a-t-il poursuivi. Aucun programme officiel n’a été prévu pour ce troisième anniversaire. Mais des célébrations spontanées ont eu lieu depuis samedi dans plusieurs villes, notamment à Benghazi où avait eu lieu la première manifestation contre le régime, le 15 février 2011, avant que le mouvement prenne forme de manière plus organisée à partir du 17 février.
À Tripoli dont le ciel était illuminé par les feux d’artifice, des centaines de personnes se sont rassemblés sur la place des martyrs en plein centre-ville pour fêter l’événement. Des centaines de voitures arborant le drapeau national – verts, rouge et noir – défilaient toujours en début de soirée dans plusieurs quartiers de la capitale décorés par des ampoules multicolores, dans un concert de klaxon.
>> Lire aussi : Coup de bluff pour tentative de coup d’État en Libye ?
"Il n’y a pas de quoi être fier"
Toutefois, de nombreux Libyens n’ont pas le cœur à faire la fête. "Les célébrations seront juste pour le plaisir de faire la fête. Il n’y a pas de quoi être fier en ce qui concerne la situation actuelle du pays", déplore "Tripolitanian" sur son compte Twitter.
"Rien n’a été fait en trois ans. Nous en sommes toujours à faire du surplace", a indiqué pour sa part l’universitaire Ahmed Fitouri qui affirme que "le peuple a été spolié de sa révolution par des politiciens qui n’en finissent pas de se quereller".
Plongé dans l’anarchie et le chaos, le pays est en proie à une crise politique sans précédent. Mais du côté des partenaires internationaux, une volonté d’aider les Libyens se dessine. "La Libye a fait des progrès depuis 2011, mais d’importants défis demeurent et un travail urgent est nécessaire pour réaliser les aspirations de la Révolution", a estimé le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague dans un communiqué publié par l’ambassade britannique à Tripoli.
Élections anticipées
Sous la pression de la rue, le Congrès a annoncé, le 16 février, un accord entre ses blocs politiques pour des élections anticipées, en vue de désigner de nouvelles autorités de transition en attendant la Constitution.
Pour l’heure, aucun consensus n’a été toutefois trouvé sur le nouveau système politique à adopter pour la prochaine étape de transition. Des élus se sont déclarés en faveur de l’élection d’un président et d’un Parlement, d’autres préconisent tout simplement d’élire à nouveau les 200 membres du Congrès.
Par ailleurs, le sort du Premier ministre Ali Zeidan qui a échappé fin janvier à une motion de censure au CGN, est toujours incertain. Des blocs parlementaires sont en train de s’accorder sur une personnalité consensuelle pour le remplacer, selon des sources au Congrès.
Pour l’analyste politique Soufiène al-Machri "la Libye court à sa perte. Les armes circulent partout et l’insécurité règne". Selon lui "le pays se trouve dans l’impasse car les nouveaux dirigeants privilégient leurs propres intérêts au détriment de ceux de la nation en s’accrochant au pouvoir".
(Avec AFP)
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