Libye : coup de bluff pour tentative de coup d’État ?
La menace de coup d’État en Libye a été démentie vendredi par les autorités du pays, coupant court aux rumeurs répandues depuis la mise en ligne d’une vidéo de Khalifa Haftar, un ex-général à la retraite, appelant à suspendre le Parlement et le gouvernement.
Mis à jour à 18h19.
Les autorités libyennes ont démenti, vendredi 14 février, des rumeurs concernant un coup d’État dans le pays, suite aux déclarations de Khalifa Haftar, un ancien commandant de la rébellion qui a renversé le régime de Kadhafi en 2011.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, à une semaine de l’incertaine élection de l’assemblée constituante, prévue le 20 février, ce dernier annonce que "le commandement de l’armée nationale libyenne annonce une initiative pour une feuille de route qui sera annoncée dans les prochains jours", en consultation avec les différentes parties. "L’armée a décidé de réagir non pas pour gouverner mais pour préparer les conditions propices" à des élections, a-t-il poursuivi.
Prêtant à de multiples interprétations, les déclarations de Haftar ont rapidement alimenté les rumeurs sur la Toile. "C’est un mensonge. La situation est sous contrôle et il n’y a aucun mouvement suspect", a déclaré le colonel Ali al-Chikhi, porte-parole du chef d’état-major de l’armée libyenne. Aucun mouvement de foule n’a d’ailleurs été signalé dans le pays à proximité des institutions politiques.
Rumeurs "ridicules"
Le premier ministre Ali Zeidan a qualifié les rumeurs de "ridicules", affirmant que Khalifa Haftar "n’appartient pas à l’institution de l’armée". "Il a été mis à la retraite", a-t-il précisé. On ignore si l’ex-général libyen disposait d’un quelconque soutien dans les rangs de l’armée ou des ex-rebelles.
Pour le moment, impossible de savoir si Haftar était soutenu par des ex-rebelles ou par l’armée. Ce général, officiellement à la retraite, avait rompu avec Kadhafi, au moment de la guerre au Tchad dans les années 1980. Il est rentré de son long exil de près de vingt-quatre années aux États-Unis, pour endosser l’uniforme de chargé des questions militaires au CNT en 2011. Réputé proche des Américains, M.Haftar a longtemps été soupçonné d’agir pour le compte de Washington. Mais a propos de ses déclarations politiques du jour, l’ambassadrice américaine à Tripoli, Deborah Jones, indique sans louvoyer qu’elles "n’ont aucune substance".
Aucun mouvement de troupe n’ont été signalés aux abords des institutions politiques du centre-ville de Tripoli, toutefois, cette prise de parole vient renforcer la confusion autour d’institutions politiques encore très fragiles qui peinent à mener à bien une feuille de route politique pour rédiger la Constitution et ainsi mettre un terme à la transition par la tenue d’élections générales.
En ce début de l’an 3 de la transition démocratique, les Libyens sont appelés aux urnes jeudi 20 février pour élire l’assemblée constituante, le "groupe des 60" qui aura la charge de rédiger la constitution dans un délai ambitieux de 120 jours. Les Libyens ne sont qu’un million à voir fait la démarche de s’inscrire (37% de la population en âge de voter) dont près de la moitié sont des femmes. Ils étaient 2,9 millions d’inscrits en juillet 2012 pour élire CGN qui, vient de confirmer l’extension de son mandat jusque décembre 2014, provoquant ainsi une vague de manifestations, et la démission de trois députés.
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