Algérie – Belounis : « Après le Qatar, j’ai mis un terme à ma carrière de footballeur »

Jeune Afrique : qu’avez-vous fait depuis votre retour en France ?

Zahir Belounis : Psychologiquement, je suis encore fragile, même si ça va mieux. Ce que j’ai enduré pendant des années au Qatar va laisser des séquelles. À mon retour, j’ai donné beaucoup d’interviews. Je n’étais pas très à l’aise, à cause de la fatigue, de la nervosité. Avec le recul, je crois que je n’ai pas été assez dur dans mes propos par rapport à ce que je venais de vivre. J’ai aussi mis un terme à ma carrière professionnelle de footballeur.

Pourquoi ?

J’ai eu des propositions venant d’Angleterre, de clubs qui me proposaient de venir m’entraîner. Mon ancien club en Suisse, la Tour/le-Pâquier, m’a aussi fait signe. J’ai essayé de mon côté de reprendre, mais je n’ai tout simplement plus envie. Cette affaire m’a cassé. Pendant des années, j’ai été obligé de m’entraîner seul, quand Al-Jaish m’a jeté, alors que j’ai un contrat qui court jusqu’au 30 juin 2015. Physiquement, j’ai accumulé trop de retard. Et mentalement, je n’avais plus la force. C’est une des conséquences de ce qu’on m’a fait subir au Qatar.

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Qu’allez-vous faire ?

Je réfléchis. J’ai des propositions d’amis qui ont des entreprises. Je ne vais pas trop tarder à prendre ma décision, car j’ai besoin de gagner de l’argent.

Vous êtes ruiné ?

Je n’ai presque plus rien. J’ai vécu pendant plus de deux ans et demi sur mes économies au Qatar. J’ai une femme, deux enfants. J’ai des amis, des membres de ma famille qui m’aident. C’est une nouvelle vie qui commence, mais je n’ai pas l’intention de renoncer à ce qui m’est dû. J’ai déposé une plainte devant le tribunal de Doha, afin de récupérer mes salaires. Et une autre devant la justice française, parce qu’on m’a interdit de quitter le territoire qatarien, parce que je ne voulais pas signer un document pour signifier le retrait de ma plainte devant la justice du pays.

Les dirigeants d’Al-Jaish ont déjà rendu ma vie misérable. Je n’ai plus de travail, presque plus d’argent, et je devrais me taire ?

Pourquoi n’avez pas saisi la Fifa pour récupérer vos salaires ?

On ne peut pas saisir la Fifa si l’affaire est déjà devant la justice civile. Mais si la justice qatarienne ne me donne pas raison, j’irai devant la Fifa !

Avez-vous été menacé depuis votre retour en France ?

Oui, un homme proche de la fédération qatarienne a appelé ma femme, en lui disant que ma vie serait misérable. Mais déjà au Qatar, j’avais eu droit à ce genre de menaces. Je ne sais pas s’ils sont au courant, mais les dirigeants d’Al-Jaish ont déjà rendu ma vie misérable. Je n’ai plus de travail, presque plus d’argent, et je devrais me taire ? Je vais me battre jusqu’au bout. Ils n’ont pas admis que je puisse porter plainte, alerter les médias. J’ai cru entendre que des consignes avaient été données pour améliorer les conditions de travail des étrangers. Il serait temps, en effet…

Avant votre retour en Europe, vous aviez envoyé une lettre à Guardiola, l’entraîneur espagnol du Bayern Munich, et à Zinedine Zidane, leur demandant d’intervenir. Avez-vous eu des retours ?

Guardiola, lors d’une conférence de presse, a dit qu’avec son club, il avait travaillé en coulisses pour mon dossier. Je n’ai pas eu de nouvelles de Zidane, mais ce n’est pas grave, je sais qu’il est très occupé.

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Propos recueillis par Alexis Billebault