Burundi : inondations meurtrières à Bujumbura
Des pluies diluviennes se sont abattues pendant une dizaine d’heures dans la nuit de dimanche à lundi sur Bujumbura, causant la mort d’au moins 60 personnes. Le bilan pourrait s’alourdir avec la prise en compte des victimes dans les provinces environnantes de la capitale burundaise.
"La pluie qui s’est abattue cette nuit sur la capitale et ses environs a causé une véritable catastrophe naturelle", se désolait lundi le ministre de la Sécurité publique du Burundi, le général Gabriel Nizigama. S’exprimant dans un commissariat du nord de la ville, zone la plus touchée par les intempéries, le ministre avait alors communiqué le nombre de 51 morts du fait de "l’effondrement de leur maison ou emportés" par les inondations. Depuis, le bilan des morts a été revu à la hausse. Dans la capitale et sa proche périphérie, "nous avons enregistré jusqu’ici 60 personnes tuées par ces intempéries", rapporte Alexis Manirakiza, le porte-parole de la Croix-Rouge burundaise. "Ce sont surtout les enfants qui sont victimes", déplore-t-il, sans pour autant connaître leur nombre exact.
Selon la police de Bujumbura, jamais la ville n’avait eu à déplorer autant de victimes dues à des intempéries. Pourtant, le Burundi en est seulement à sa "petite" saison des pluies.
"On a parlé de la capitale jusqu’ici mais cette catastrophe a touché également les provinces de Cibitoke, Bubanza et Bujumbura rural", situées au nord et au sud de Bujumbura, a ajouté Alexis Manirakiza. Avec la prise en compte de ces victimes, les autorités, qui ne peuvent encore mesurer l’ampleur de la catastrophe, redoutent un bilan bien plus lourd.
À Bujumbura, la Croix-Rouge a établi le bilan de 81 blessés et de plus de 400 maisons détruites dans la capitale. Le maire, Saïdi Juma, a appelé "à la solidarité nationale et internationale" devant l’ampleur du désastre qui lui semble inégalée.
Kamenge, Kinama et Buterere, les quartiers populaires, sont les plus touchés par les dégâts. La crue, mais aussi les coulées d’eau et de boue ayant déferlé des collines ont eu raison des fragiles habitations de ces quartiers, majoritairement construites en briques de terre séchée. À Kinama, le cours d’eau sorti de son lit serait monté jusqu’à 1m60 ou 1m70 par endroits, selon les marques laissées sur les maisons. À la décrue, lundi vers la mi-journée, un spectacle de désolation s’offrait aux yeux des habitants qui n’ont pu que constater l’ampleur des destructions. Nombreux sont ceux qui se retrouvent désormais sans toit.
Un ravage humanitaire et économique
Lundi, les rues témoignaient de nombreuses scènes de misère. Assise sur des gravats, à l’emplacement même de sa maison ravagée et au milieu de bidons en plastiques ou d’habits éparpillés, Zawadi, une mère de cinq enfants, allaite son bébé de cinq mois. Elle relate la terrible intempérie. "Dans la nuit, j’ai entendu les enfants crier" raconte-t-elle. Se précipitant dans leur chambre, elle les a trouvés debout sur le lit, déjà totalement recouverts d’eau. Sa famille a eu de la chance, son mari et ses enfants sont sains et saufs. Des voisins ont tous péris. Toute une famille, les parents et les trois enfants.
Présent sur place en compagnie d’autres membres du gouvernement, le ministre de la Sécurité publique a annoncé la livraison d’aide alimentaire aux victimes. Il a également promis que l’État s’occuperait des frais d’enterrement et de relogement.
Les infrastructures et les communications ont également souffert des pluies diluviennes qui se sont abattues dans la nuit pendant une bonne dizaine d’heures.Des coupures d’électricité et d’eau sont à déplorer dans une grande partie de la capitale. L’axe majeur connectant Bujumbura à la République démocratique du Congo (RDC) a été coupé du fait de l’effondrement d’un pont juste à la sortie ouest de la ville. Des éboulements ont barré l’accès à un autre axe important, reliant la capitale au Rwanda.
L’économie burundaise dépend fortement de ces routes commerciales. Sur l’axe ouest en direction du Congo Kinshasa circulent quotidiennement des centaines de véhicules pour le transport de marchandises. Le second axe relie des dizaines de camions-remorques au centre du pays, puis au Rwanda, au Kenya, à l’Ouganda et à la Tanzanie.
(Avec AFP)
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