Procès Simbikangwa : un officier français dit avoir enquêté en vain sur l’accusé
Michel Robardey, un ancien officier français en poste au Rwanda, a affirmé mardi n’avoir pu corroborer les accusations de tortures et a qualifié de fausses celles de participation à des « escadrons de la mort » contre Pascal Simbikangwa.
Michel Robardey, colonel français en retraite, fut coopérant militaire à Kigali de 1990 à 1993. Il y était affecté à la réorganisation des services de police judiciaire de la gendarmerie, communément appelés "la criminologie". Appelé à témoigner lors du procès de Pascal Simbikangwa, premier Rwandais jugé en France en lien avec le génocide, l’ancien officier a affirmé mardi 11 février n’avoir pu corroborer les accusations de tortures et qualifié de fausses celles de participation à des "escadrons de la mort" de l’accusé.
Soulignant n’avoir "jamais vu l’accusé", le témoin cité par la défense a dit que le capitaine Simbikangwa "avait une telle réputation que j’ai été amené à prendre des mesures". Le Rwanda "c’est le pays de la rumeur et parmi les rumeurs il y avait celle du capitaine à roulettes (Simbikangwa est dans un fauteuil roulant depuis un accident en 1986, ndlr) qui torture, qui massacre, qui fait ceci cela," a raconté le témoin.
"Un menteur avéré"
Il a déclaré avoir, en 1992, dans le cadre de sa réorganisation, suggéré de remplacer tout le personnel de la "criminologie" et de lancer trois enquêtes : la première sur les accusations de torture et de participation à des escadrons de la mort contre le capitaine Simbikangwa, la seconde sur des massacres de Tutsi survenus dans la province de Brugesera et la troisième sur des accusations de massacres attribués à la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR) dans le nord du pays.
Selon Michel Robardey, les accusations contre Simbikangwa reposaient notamment sur un seul témoin "qui est un menteur avéré" et relevaient "d’un montage politique du FPR". L’accusé travaillait à l’époque pour le Service central de renseignement (SCR) de la police et a toujours démenti avoir mis les pieds à la "criminologie". Le colonel Robardey a dû reconnaître qu’il "ne savait pas s’il avait commis des actes de torture au SCR, qui était à la botte du président Habyarimana", dont l’assassinat, le 6 avril 1994, fut le signe déclencheur du génocide au cours duquel périrent en cent jours 800 000 personnes, principalement des Tutsi.
(Avec AFP)
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