Un Français d’origine sénégalaise déchu de sa nationalité pour une erreur administrative

Né au Sénégal quand le pays était une colonie française, naturalisé français en 1966 et vivant depuis plusieurs dizaines d’années à Rouen, Sikhou Camara, 68 ans, pensait avoir mérité sa retraite de soudeur en tant que citoyen français. La justice a pourtant déchu ce père de famille de sa nationalité française, pour un vice de forme.

La carte d’identité française de Sikhou Camara. © Capture d’écran France 3 Haute-Normandie.

La carte d’identité française de Sikhou Camara. © Capture d’écran France 3 Haute-Normandie.

Publié le 12 février 2014 Lecture : 2 minutes.

Les ennuis ont commencé il y a dix-huit ans ans pour Sikhou Camara. En 1996 le tribunal d’instance de Rouen refuse à ce Français né au Sénégal le renouvellement de son certificat de nationalité française. Ce même tribunal avait pourtant confirmé sa nationalité en 1986. La justice s’explique alors par la découverte d’un vice de procédure datant de 1966. Sikhou Camara, alors âgé de 20 ans, aurait dû attendre d’avoir atteint la majorité de l’époque, soit 21 ans, pour obtenir la nationalité française. Une bévue administrative que le tribunal d’instance de Rouen a décidé de ressortir des tiroirs. Les conséquences sont immédiates : ni l’épouse, ni les enfants de Sikhou Camara nés hors du territoire national, ne peuvent devenir citoyens français.

En 2012, le père de famille tente de régulariser la situation avec un avocat. À sa grande surprise, il reçoit le 19 septembre de la même année un courrier de la Préfecture de Seine-Maritime : " Vous ne possédez plus la nationalité française, à défaut de restitution de votre carte d’identité et passeport, votre état-civil et celui de votre fils feront l’objet d’une inscription sur le fichier des personnes recherchées." Alors qu’il est en capacité de justifier d’être en règle avec l’administration française depuis plus de dix ans, Sikhou Camara ne peut désormais plus renouveler ses documents d’identité, dont son passeport qui expire dans deux mois. Par effet domino, son fils né en France en 2009, se voit également déchu de sa nationalité.

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Un sentiment d’humiliation

Dans une lettre ouverte à Christiane Taubira, la ministre de la Justice et à Manuel Valls, ministre de l’intérieur, Bakary Camara, fils de Sikhou Camara, s’offusque du traitement fait à son père et à sa famille par la justice française. Lui, dont le grand-père paternel a combattu pour la France et dont le père a participé à l’effort pour "reconstruire ce pays pendant les Trente glorieuses" se désole de ce rejet de la part de la République. L’humiliation atteint son comble, pour Bakary Camara, lorsque le tribunal de Rouen suggère à son père d’accepter un titre de séjour, "comme un quelconque immigré fraîchement débarqué ou un sans-papier à régulariser". Sikhou Camara s’en remet désormais au tribunal d’instance de Lille, où il a engagé une action en "confirmation de la nationalité". La décision sera rendue le 8 mars prochain.

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