Une hégémonie des grandes familles dorénavant contestée en politique

Des islamistes au gouvernement, un syndicaliste à la tête de l´Istiqlal… Rien ne va plus pour l´élite d´antan. Et le passage de relais ne se fait pas sans heurts.

Publié le 12 août 2013 Lecture : 2 minutes.

L´élection à la tête de l´Istiqlal, en septembre 2012, du « roturier » Hamid Chabat a été vécue comme un tremblement de terre dans les salons cossus de la haute bourgeoisie marocaine. Ce syndicaliste qui n´était hier qu´un vulgaire tourneur aux yeux de ses camarades du vieux parti nationaliste en a pris les rênes au nez et à la barbe de son rival, Abdelouahed El Fassi. Quelques mois auparavant, ce dernier n´aurait jamais pensé se faire coiffer au poteau, lui le cardiologue respecté, ancien ministre de la Santé et, surtout, fils du grand zaïm Allal El Fassi, le « père » du nationalisme marocain. Jusque-là, le digne rejeton n´avait pas eu besoin de jouer des coudes pour se faire une place au sein de l´Istiqlal. Plus que ses compétences propres, c´est sa filiation qui lui a servi de sésame à chaque étape de sa carrière politique. Que s´est-il passé ? La déclinaison locale du Printemps arabe, incarnée par le Mouvement du 20-Février, a mis fin aux ambitions héréditaires et contraint le clan à une retenue qui contraste avec les années Abbas El Fassi, quand le Conseil des ministres ressemblait à une réunion de famille. En novembre 2011, la victoire de l´islamiste Abdelilah Benkirane, lui-même issu d´une grande famille fassie et marié à sa cousine, a en outre ébranlé le monde politique en portant sur le devant de la scène des acteurs jusque-là marginalisés. Aujourd´hui, les rôles sont inversés : les outsiders d´hier sont aux manettes du gouvernement.

Les élites traditionnelles illégitimes

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Naturellement, les relations avec les élites économiques ne sont pas sans heurts. « Depuis l´arrivée au pouvoir des partis islamistes, les anciens barons instruisent un procès méthodique en incompétence à l´endroit des nouveaux venus, lesquels mettent en avant la légitimité des urnes, explique Abdelmalek Alaoui, président de l´Association marocaine d´intelligence économique. En somme, les élites nouvelles sont accusées d´incompétence et les anciennes d´illégitimité. »

Par hostilité ou simple maladresse, les islamistes envoient des signaux inquiétants aux élites traditionnelles. Après la publication, en janvier 2012, de listes d´agréments révélant les privilèges accordés à des familles puissantes, la visite du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, début juin, a tourné au fiasco. La délégation de patrons turcs ne s´est entretenue qu´avec Amal Entreprises, une association patronale mineure, concurrente de la puissante Confédération générale des entreprises du Maroc… mais proche du Parti de la justice et du développement (PJD) d´Abdelilah Benkirane.

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