Pointe-Noire : visite guidée des bonnes adresses de Lumumba

Au coeur de Pointe-Noire, avec vue imprenable sur l’océan, c’est dans le 1er arrondissement que se concentre l’essentiel des adresses et sites à ne pas manquer. Visite guidée.

ProfilAuteur_TshitengeLubabu

Publié le 21 mai 2012 Lecture : 5 minutes.

Tout nouveau venu à Ponton-la-Belle – comme l’appellent ses habitants – s’interroge évidemment sur ce qu’il y a à voir dans la ville portuaire. Question à laquelle on peut être tenté de répondre par une pirouette facile : « La mer, la mer encore, la mer toujours. » D’autant que, dans le paysage actuel, rien n’a été spécialement aménagé pour attirer les regards ailleurs que sur l’océan. En dehors de quelques ronds-points et, sur le boulevard du Général-de-Gaulle, du buste de Raphaël Antonetti (gouverneur général de l’Afrique-Équatoriale française de 1924 à 1934), pas de monuments ni de statues consacrés aux grands noms ou événements de l’Histoire.

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Le buste de Raphaël Antonetti, sur le boulevard du Général-de-Gaulle.
(Photo : Antonin Borgeaud pour J.A.)

Pointe-Noire intra-muros offre tout de même de quoi occuper les visiteurs qui, après avoir attrapé « une occasion » (un taxi) ou gagné « leur moyen » (de transport), découvrent le 1er arrondissement, Lumumba. C’est là que se concentrent la plupart des lieux à ne pas manquer, le long et autour du boulevard du Général-de-Gaulle, véritable colonne vertébrale de la ville, qui conduit à la gare et au port.

Pointe-Noire, c’est la mer, c’est vrai – et c’est déjà beaucoup -, mais c’est aussi le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO), qui relie la capitale économique à la capitale politique, Brazzaville. Il faut sans doute commencer par là. Oeuvre de l’architecte français Jean Philippot, la gare de Pointe-Noire a été construite en 1932. Peinte en marron et en beige, elle arbore un style normand qui lui donne un air de famille avec la gare de Deauville. Inauguré quant à lui en 1939, le port, immense, n’est pas loin, au bout de la rue : pourquoi ne pas aller voir comment il poursuit sa mutation ?

Côte Sauvage. Après cette balade au port, une fois revenu vers la gare, prenez à droite. Direction la Côte Sauvage, avec ses hôtels et restaurants de bord de mer. Le paysage est magnifique, et l’envie de venir y casser la croûte irrésistible : le Twiga, La Pyramide, le Sea Club, L’Abri côtier, le Club pétrolier (qui appartient à ENI-Congo) vous tendent les bras, menus variés et vue panoramique sur la plage assurés. Prenez votre temps, et, si vous êtes tenté de rejoindre les surfeurs qui slaloment au loin, au milieu des vagues, le propriétaire de La Pyramide a un club, qui compte une soixantaine d’adeptes (dont quinze Congolais). Il peut vous initier.

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Café-croissants. À quelques minutes, sur le boulevard du Général-de-Gaulle, survivent quelques maisons de l’époque coloniale, dont, au n° 3, le siège de la Chambre de commerce, d’industrie, d’agriculture et des métiers, de pur style Art déco. Toujours en bas de l’avenue, si vous voulez prendre votre petit-déjeuner, le thé de 17 heures, ou que vous avez simplement envie de faire comme tous les Ponténégrins, allez à La Citronnelle, le salon de thé-pâtisserie le plus fréquenté de la ville. Tout Pointe-Noire y vient, des nantis aux démunis, pour dévorer, seul ou en famille, gâteaux et viennoiseries à n’importe quelle heure, avec une grande prédilection pour les croissants – ils sont plus gros que la normale.

Si vous êtes amateur de café, de vrai café, rendez-vous à quelques centaines de mètres de là, en face de la mairie, au Grand Café. Ouvert il y a deux ans par un Congolo-Éthiopien – le café est originaire du pays de Ménélik, n’est-ce pas ? -, il vaut aussi le détour pour ses spécialités, dont l’une fait cohabiter, entre autres, le thé, l’orange et le gingembre. Dans les parages, les bons restaurants ne manquent pas : L’Arbalète (très apprécié, cuisine française de haut niveau), L’Aquarelle (à l’hôtel Victory Palace), Chez Denise (où l’on mange en écoutant les musiciens : piano, saxo…), Le Pacha (le top des spécialités libanaises) ou Le Kactus (cuisine éclectique)… Autant d’établissements de styles différents où, ville côtière oblige, poissons et fruits de mer font la loi sur les cartes et menus.

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La lecture aussi a pignon sur le boulevard du Général-de-Gaulle, avec l’incontournable Librairie Paillet, une affaire familiale fondée il y a cinquante-huit ans par un Français. On y trouve toute la presse nationale et internationale (avec une particularité : d’anciens, voire de très anciens numéros de journaux y sont toujours en vente), ainsi que des livres, bien entendu, dont beaucoup écrits par des Congolais et sur le Congo.

Sur l’avenue Fayette-Tchitembo, parallèle au boulevard du Général-de-Gaulle, une extension du marché du Plateau permet aux artisans de vendre leur production et quelques « souvenirs ».

Côte Mondaine. Une perpendiculaire vous mènera sur la Côte Mondaine, dans le domaine portuaire, avec son Village des artisans et artistes, parmi lesquels quelques plasticiens de renom, qui exposent et vendent leurs oeuvres avec la peur au ventre d’être « déguerpis » un jour ou l’autre. À côté, le Village des voiliers, le Club nautique et – encore ! – un restaurant valant le détour, le Derrick (qui, comme son nom le laisse subodorer, appartient à Total).

Création congolaises au village des artisans et artistes.

Rencontre avec les créateurs locaux au Village des artisans et artistes.
(Photo : Antonin Borgeaud pour J.A.)

Enfin, impossible de ne pas s’enivrer dans la foule du Grand Marché, juste en sortant du centre-ville, après le rond-point Lumumba (rebaptisé l’an dernier place de la République). Ce rond-point marque le passage de la « ville européenne » à la « cité africaine » – à Pointe-Noire, « on va en ville » et « on rentre à la cité ». Comme tous ceux du continent, le Grand Marché de Pointe-Noire est plein d’animation. Au gré de ses étals qui, parfois, montent jusqu’au ciel, on trouve de tout, du plus authentique à la contrefaçon – comme ces portables dont la garantie dure… sept jours -, et autant de commerçants payant des taxes à la municipalité que de vendeurs passés maîtres en pratiques informelles. On y marchande, on se hèle, on rit aux éclats, on se dispute violemment pour un oui ou pour un non, sans jamais en venir aux mains. 

Bonnes nuits

Quand, avec le soir puis la nuit, vient l’envie de musique et de danse, pas de problème. Bars, clubs et discothèques pullulent sur le boulevard du Général-de-Gaulle et dans les rues avoisinantes du centre-ville. Les boîtes les plus courues ont pour doux noms le Bling Bling – dont la clientèle est généralement tirée à quatre épingles -, le Blue Night, le Master, le MB ou encore le Vénus. Côté pianos-bars, La Sanza tient actuellement le haut du pavé, avec un orchestre jouant en live tous les soirs (sauf le dimanche) et dont la chanteuse vedette n’est autre que la maîtresse des lieux, Elsa Fila. Ouvert en décembre 2011, non loin de l’« école française » (le lycée français Charlemagne), un autre piano-bar, l’Iguane Café, accueille aussi des orchestres, dont Le 360°, formé par des employés de Total. De quoi passer, sinon de bonnes nuits, en tout cas de bien douces soirées.

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