Tunisie : soudaine accélération des enquêtes sur les affaires Belaïd et Brahmi

Au point mort depuis plusieurs mois, l’enquête sur les assassinats des opposants tunisiens Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi a connu une brusque accélération cette semaine avec l’arrestation d’un suspect et la mort d’un autre.

Lors d’un rassemblement en mémoire du militant d’opposition Chokri Belaid à Tunis, le 8 février. © AFP

Lors d’un rassemblement en mémoire du militant d’opposition Chokri Belaid à Tunis, le 8 février. © AFP

Publié le 10 février 2014 Lecture : 2 minutes.

Après des mois de silence radio, les responsables du ministère tunisien de l’Intérieur ont annoncé ces derniers jours des avancées sur les sensibles dossiers Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, deux opposants de gauche tués en février et juillet 2013.

Dans la nuit du samedi 8 au dimanche 9 février, le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui, a annoncé l’arrestation de l’un des suspects dans l’assassinat par balles du député Mohamed Brahmi. Quelques jours plus tôt, le ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou avait annoncé en personne la mort de Kamel Gadhgadhi, tueur présumé de l’opposant Chokri Belaïd, lors d’une opération antiterroriste près de Tunis.

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S’exprimant sur l’arrestation du suspect dans l’affaire Brahmi, Mohamed Ali Aroui a déclaré que les forces de sécurité avaient "encerclé une maison de l’Ariana (près de Tunis), où était retranché un groupe terroriste. Après un échange de tirs nourris, quatre éléments, dont l’un est dans un état très critique, ont été arrêtés". "Parmi eux figure Hmed el-Melki, alias ‘Somali’ (le Somalien, ndlr), l’un des éléments impliqués dans l’assassinat du martyr Mohamed Brahmi", a-t-il ajouté, en précisant que l’homme était un voisin du député. "Le ministère de l’Intérieur souligne qu’il s’agit d’une opération réussie", a-t-il indiqué, soulignant que des armes avaient été saisies. Dans un communiqué, le ministère a par ailleurs identifié les trois autres suspects comme Bilel Amdouni, Mounir Jmaaï et Ameur Zdiri.

Les autorités pointées du doigt

Le fils de Mohamed Brahmi, Adnane, a dit que l’arrestation de "Somali" vivant était "un soulagement pour nous parce que cela va permettre de dévoiler toute la vérité sur l’assassinat de mon père, et surtout de connaître les commanditaires de ce crime". "Le suspect arrêté n’était autre que notre voisin depuis 10 ans", a-t-il affirmé.

Cette opération des forces de l’ordre intervient après celle, mardi, ayant abouti à la mort de Kamel Gadhgadhi, l’assassin présumé de l’avocat et militant de gauche Chokri Belaïd. Ces meurtres ont été attribués par les autorités au groupe jihadiste Ansar al-Charia, accusé d’être lié à Al-Qaïda. Ce dernier ne les a toutefois jamais revendiqués, pas plus qu’aucune autre attaque armée.

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Les autorités – le ministère de l’Intérieur mais aussi les responsables du parti islamiste Ennahdha, au pouvoir lorsque les deux assassinats ont été commis – ont été à leur tour pointées du doigt par les proches des deux opposants. Samedi, la veuve de Mohamed Brahmi a ainsi accusé, lors d’un des rassemblements commémorant le premier anniversaire de l’assassinat de Chokri Belaïd, les autorités d’avoir "tout fait pour effacer les traces du crime". Dans une interview à Jeune Afrique, Basma Khalfaoui, veuve de Chokri Belaïd, avait auparavant accusé les reponsables du ministère de l’Intérieur d’avoir caché des documents essentiels à l’enquête.

(Avec AFP)

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