La Tunisie s’apprête à célébrer sa nouvelle Constitution
Branle-bas de combat à Tunis, la ville s’apprête à recevoir, vendredi, de nombreux chefs d’État et des personnalités internationales pour célébrer l’adoption de la nouvelle Constitution.
Le parcours entre l’aéroport, le siège de la Constituante au Bardo et le palais de Carthage n’a jamais été aussi propre malgré les grèves répétées des éboueurs. La présidence de la République a veillé au moindre détail d’un événement qui, par ailleurs, indiffère beaucoup de Tunisiens. "Pour nous la Constitution a été signée le 26 janvier, il serait temps de passer à autre chose", "encore des dépenses sur le dos du contribuable" ou "avoir choisi juste le lendemain de la commémoration de l’assassinat de Chokri Belaïd, est assez indécent" sont les arguments que l’on peut entendre dans la rue, qui, par ailleurs, s’inquiète surtout pour son pouvoir d’achat avec une inflation de 5,8 % rien que pour janvier.
Mais la grogne est aussi dans les rangs de l’Assemblée nationale constituante, les partis n’ont pu choisir leurs invités. Ils ont dû remettre leur liste à la présidence qui a confirmé ou pas les invitations. Si tout le monde n’aura pas son précieux viatique pour le Bardo, il y aura quand même du beau monde, fait notable alors que la diplomatie du pays a été mise à mal avec l’arrivée d’Ennahdha au pouvoir. Le Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, président en exercice de l’Union africaine, le Tchadien Idriss Déby, le Sénégalais Macky Sall, le Gabonais Ali Bongo Ondimba et le Guinéen Alpha Condé, ont confirmé leur présence, tandis que le président sud-africain, Jacob Zuma, a décliné l’invitation.
Du côté des pays arabes, on ne peut que constater le manque d’enthousiasme, marqué notamment par l’absence de son Altesse Mohamed VI qui sera représenté par le prince Moulay Rachid. Le président libanais, Michel Sleiman, fera le déplacement tandis que certains pays comme la Jordanie, le Koweït et le Qatar se contentent d’envoyés spéciaux princiers. Un contexte qui donne du relief à la présence et à la stature du Premier ministre algérien, Abdelmalek Sellal, qui avait reçu le 2 février le chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomâa.
La Tunisie, entre l’Afrique et l’Europe
Côté européen, le déplacement effectué par François Hollande fait la une des médias locaux. Le président français sera présent aux côtés de son homologue allemand Joachim Sauer tandis qu’un grand nombre de président de sénats européens seront dans l’hémicycle. Si en coulisses on murmure que John Kerry pourrait créer la surprise, pour l’heure seule la présence de William Roebuck, secrétaire d’État adjoint américain en charge des affaires maghrébines, est confirmée.
Les institutions internationales n’ont pas fait défections, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy et le secrétaire général des Nations-unies, Jeffrey Feltman, seront présents tout comme Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement qui a réitéré, à cette occasion, son soutien au processus démocratique tunisien.
Les personnalités présentes à la cérémonie du Bardo montrent bien l’ancrage du pays entre l’Afrique et l’Europe et c’est d’ailleurs à Carthage, sur les rives de la Méditerranée, que le président Tunisien, Moncef Marzouki, recevra ensuite ses hôtes pour fêter l’évènement.
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