Des Nigériens manifestent à Niamey contre le groupe français Areva

Plusieurs centaines de personnes ont manifesté jeudi à Niamey contre Areva. Dans un contexte tendu de renégociation de contrats d’exploitation de l’uranium, le géant du nucléaire français est accusé d’opérer au nord du Niger au mépris des lois nationales.

Manifestation contre Areva à Niamey, le 6 février 2014. © AFP

Manifestation contre Areva à Niamey, le 6 février 2014. © AFP

Publié le 6 février 2014 Lecture : 3 minutes.

Des manifestations ont eu lieu, ce jeudi 6 février, à Niamey, contre le groupe français Areva, que les protestataires accusent d’ignorer les lois nationales en matière d’exploitation de l’uranium, notamment de ne pas appliquer le Code minier de 2006. Areva, détenu par l’État français à 80 %, et le gouvernement nigérien négocient depuis des mois le renouvellement des contrats de deux mines d’uranium, la Somaïr et la Cominak, qui sont arrivés à leur terme fin décembre 2013.

Les discussions achoppent sur la volonté du géant du nucléaire français d’accepter une loi minière votée en 2006, qui ferait croître la taxation sur le minerai extrait de 5.5 à 12 % et mettrait un terme à certaines exonérations fiscales, selon Niamey. Les manifestants se questionnent sur la sincérité du gouvernement français et de son ministre délégué au Développement, Pascal Canfin, qui avait appuyé et qualifié de "légitimes" les demandes nigériennes. "Dire que c’est ‘légitime’, c’est un discours et [le gouvernement français] ne peut pas politiquement dire autre chose", a commenté Moussa Tchangari, le président de l’ONG Alternative espace citoyen. "Même Areva peut dire ‘Oui c’est légitime’ et en même temps dire ‘Mais on ne peut pas vous donner ce que vous demandez’", a-t-il ajouté.

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"Areva doit faire plus d’efforts"

Adamou Yacouba, un reggae-man nigérien populaire, a qualifié le discours de du ministre français de "scénario monté de toutes pièces par la France" pour "jouer avec la conscience des Nigériens". "Il faut être dans la science-fiction pour croire que la France va lâcher sa propre société, a-t-il remarqué. Le général De Gaulle n’a-t-il pas dit que ‘la France n’a pas d’amis mais des intérêts’ ?"

Boubacar Maïna Kartey, le président de l’Association des juristes du Niger, a, de son côté, vu "un véritable signe d’espoir", un "encouragement" dans le fait que ce débat se soit invité au Parlement français. "Le ministre du Développement a reconnu que le Niger est dans une mauvaise posture et qu’Areva doit faire un peu plus d’efforts", a-t-il poursuivi. Le Niger, quatrième producteur mondial d’uranium, pointe année après année en dernière position en termes d’indice de développement humain, selon l’ONU. Ce pays, l’un des plus pauvres du monde, manque cruellement de ressources pour financer son développement. "C’est au gouvernement du Niger de saisir au bond ce que vient de dire le ministre français" pour "écouter les cris et le sursaut du peuple nigérien", a estimé Amadou Ali, un député de l’opposition, qui ne doute pas de la sincérité de Pascal Canfin.

Des manifestations interdites

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Comme la plupart des protestataires présents au meeting, qui devait suivre une manifestation finalement interdite, Amadou Ali portait un foulard jaune autour du cou. D’autres avaient attaché des morceaux de tissu de la même couleur à leur tête. "Jaune, c’est la couleur du ‘yellow cake’", la poudre d’uranium extraite dans les mines d’Areva dans le nord du Niger puis enrichie en France, a expliqué l’un des manifestants.

Des slogans hostiles à Areva ou à la France ont malgré tout été scandés : "À bas Areva !", "Areva dégage !", "Non à la France !" Sur d’autres pancartes et banderoles, on pouvait lire les slogans "Jeunesse, réveille-toi", "la souveraineté du Niger ne se négocie pas" ou encore "Code minier 2006 ou rien !" Le 25 janvier, une marche contre Areva avait déjà été interdite par les autorités de Niamey. Les organisateurs avaient choisi d’annuler le rassemblement qui devait ensuite se tenir.

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(Avec AFP)

 


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