Génocide : le Rwandais Simbikangwa minimise son importance sous Habyarimana

Au deuxième jour de son procès, le tout premier en France lié au génocide rwandais de 1994, Pascal Simbikangwa a minimisé ses fonctions dans les services de renseignement du régime de l’ex-président Habyarimana. Une stratégie de défense qu’il ne devrait pas quitter.

Portrait d’artiste de Pascal Simbikangwa, à la cour d’assises de Paris, le 4 février 2014. © Benoit Peyrucq/AFP

Portrait d’artiste de Pascal Simbikangwa, à la cour d’assises de Paris, le 4 février 2014. © Benoit Peyrucq/AFP

Publié le 5 février 2014 Lecture : 2 minutes.

Accusé de complicité de génocide, l’ex-capitaine rwandais Pascal Simbikangwa a tenu, au deuxième jour de son procès à Paris, à minimiser son rôle au sein du régime de l’ancien président Hbyarimana avant le drame de 1994. Interrogé mercredi par le président du tribunal de la cour d’assises de Paris, Olivier Leurent, il s’est présenté comme un "simple agent" du renseignement.

Pourtant, après l’accident de la route qui l’avait laissé paraplégique en 1986, l’ex-capitaine de la garde présidentielle avait été versé, dans le renseignement militaire, puis civil en 1988, avec le rang de directeur. "Non, non, non, je n’étais pas le numéro 3" du service central de renseignement, s’est-il récrié. (…) On m’appelait directeur mais je n’avais pas de fonctions, je n’avais pas de pouvoir de décision", assure-t-il.

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Et s’il a gardé l’appellation militaire de capitaine, c’est une simple habitude, " comme le capitaine Barril, le général de Gaulle", poursuit-il. Son rôle ? Entretenir un réseau "d’indicateurs, d’informateurs", notamment pour pister "les infiltrés" de la rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR). Il reçoit des revues de presse. Mais tout ça, dit-il, ce n’est pas pur dresser des listes, c’est uniquement "pour faire des synthèses".

Qu’en est-il de son surnom de "tortionnaire" ? Il "n’a jamais interrogé" lui-même affirme-t-il. "Seul le directeur général avait le pouvoir de convoquer quelqu’un." En plus, affirme-t-il, le nouveau chef arrivé en 1992 à la suite du multipartisme l’avait mis sur la touche. La cour devait revenir ultérieurement sur ces accusations de torture, qui ont cependant été jugées prescrites et qui ne pourront pas être un motif de condamnation.

"Culture de la haine"

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S’il n’a pas participé au génocide, et qu’il n’a pas appartenu à l’Akazu, alors pourquoi a-t-il fui après l’arrivée au pouvoir de Paul Kagamé ? L’explication est simple, selon lui : l’ex-rébellion du nouveau président, le Front patriotique rwandais (FPR), "cherchait tout le monde pour les massacrer". Question d’Emmanuel Daoud, avocat de la FIDH : considérait-il, lorsqu’il était au service central de renseignement, les "infiltrés" comme "anti-patriotes"?

"Ceux qui ont fait la guerre d’octobre (1990, offensive du FPR repoussée avec l’aide française notamment, NDLR) étaient patriotes. Ils demandaient le partage du pouvoir, c’est normal", estime l’accusé. "Mais quand ils ont fait la guérilla, ils ont fait la culture de la haine. Avant les populations n’avaient jamais fait de pogroms. Mais quand le FPR a fait attaquer des écoles, des églises, des bus, la population a haï le FPR", accuse-t-il.

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Pascal Simbikangwa se défend pourtant d’avoir milité activement pour Habyarimana, dont l’assassinat le 6 avril fut l’événement déclencheur du génocide. Les témoignages contraires sont "des mensonges", ou les propos de personnes craignant "pour (leur) sécurité". Mais il reconnaît néanmoins qu’intellectuellement, "[il soutenait] Habyarimana parce que sa politique allait dans le sens de l’apaisement, il voulait aider les Hutu et Tutsi à vivre ensemble".

(Avec AFP)

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