Algérie : Saadani réclame la démission du général Toufik, chef du DRS

Dans une interview au site « Tout sur l’Algérie », Amar Saadani, le secrétaire général du FLN, se livre à une diatribe inédite contre le général Mohamed Médiène, chef du puissant DRS. Et appelle publiquement à sa démission.

Amar Saadani s’est fait l’avocat d’un quatrième mandat du président Bouteflika. © AFP

Amar Saadani s’est fait l’avocat d’un quatrième mandat du président Bouteflika. © AFP

Publié le 3 février 2014 Lecture : 2 minutes.

La perpespective de l’élection présidentielle, le 17 avril prochain, libère la parole politique en Algérie. Amar Saadani, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN, parti majoritaire), a appelé lundi 3 février le tout puissant patron du renseignement, le général Mohamed Médiène, alias Toufik, à démissionner.

"Si nous évaluons les missions de la sécurité intérieure dans certaines affaires importantes, on constatera que ce service a multiplié les échecs, a affirmé Amar Saadani dans une interview accordée au site électronique Tout sur l’Algérie. À mon avis, Toufik aurait dû démissionner après ces échecs".

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Le patron du FLN avait déjà vivement critiqué les services de renseignements militaires (Département du Renseignement et de la Sécurité, DRS) auparavant. Parmi ces "échecs" imputés au chef du DRS, il cite notamment l’assassinat du président Mohamed Boudiaf en juin 1992, celui des moines français de Tibehirine, en mai 1996, ou encore l’attentat manqué contre le président Bouteflika à Batna (sud est d’Alger), en septembre 2007.

"Le DRS s’est occupé des affaires des partis politiques, de la justice et de la presse"

Pour Amar Saadani, élu secrétaire général du FLN en août 2013 malgré la fronde de nombre de ses membres, la présence de la sécurité intérieure dans toutes les institutions "laisse l’impression que le pouvoir en Algérie n’est pas civil". "Au lieu de s’occuper de la sécurité du pays, ce département (DRS), s’est occupé des affaires des partis politiques, de la justice et de la presse", accuse-t-il encore.

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Le président Bouteflika a déjà opéré d’importants changements au sein du DRS début septembre, suivis d’un remaniement ministériel. Il a placé trois services névralgiques de l’armée, jusqu’à présent chapeautés par le DRS, sous l’autorité directe d’un proche, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major promu vice-ministre de la Défense. À une question sur l’influence de Said Bouteflika, le frère du président, dans la gestion du pays, le chef du FLN parle de "rumeur et de mensonge".

Affaire Sonatrach

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Évoquant les affaires de corruption, notamment au sein du groupe public pétrolier Sonatrach, impliquant l’ancien ministre de l’Énergie Chakib Khellil, Amar Saadani y voit la main du DRS "qui ne cesse d’inventer des histoires sur le cercle proche du président". L’ancien ministre est poursuivi en Algérie, mais aussi en Italie, pour escroquerie et corruption, tout comme un autre proche du cercle présidentiel, l’ex-golden boy Rafik Khalifa, extradé de Londres fin décembre pour être à nouveau jugé en Algérie.

À 76 ans dont presque 15 ans au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika est fragilisé par au moins un AVC, qui l’a hospitalisé 80 jours en France en 2013. Depuis son retour en juillet, il n’a jamais parlé à son peuple mais a reçu des personnalités étrangères – comme le Premier ministre tunisien, Mehdi Jomâa, qui était à Alger ce week-end – et de proches collaborateurs.

Amar Saadani s’est fait l’avocat d’un quatrième mandat du président Bouteflika au nom de la stabilité du pays. Mais le principal intéressé ne s’est jusqu’à présent pas prononcé. "Il reste encore du temps avant l’échéance du 4 mars à minuit", a déclaré dimanche son Premier ministre, Abdelmalek Sellal.

(Avec AFP)

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