Afrique du Sud : Mamphela Ramphele et Helen Zille rompent leur accord de campagne
Marche arrière toute : moins d’une semaine après l’annonce, mardi 28 janvier, de la désignation de Mamphela Ramphele comme candidate du principal parti de l’opposition sud-africaine en vue de la prochaine élection présidentielle, l’Alliance démocratique (DA) a annoncé dimanche avoir rompu son accord avec l’ancienne militante anti-apartheid, leader de Agang.
Le pacte historique permettant au premier parti d’opposition de présenter une candidate noire à la présidentielle a volé en éclats au bout de cinq jours. Lors d’une réunion dimanche, "Mamphela Ramphele est revenue sur l’accord en vertu duquel elle serait la candidate de la Democratic Alliance pour la présidence", a écrit Helen Zille, la présidente de l’Alliance démocratique (DA) dans un communiqué.
"Cette volte-face ne manquera pas de décevoir les nombreux Sud-Africains qui avaient cru en ce partenariat historique. Il est rare en effet qu’un parti politique offre le poste de candidat à la présidence au chef d’un autre parti, mais nous avions estimé que cette décision était dans l’intérêt de l’Afrique du Sud. Le peuple cherche une alternative crédible et unie face à l’ANC de Jacob Zuma", qui est au pouvoir depuis 1994, a souligné Helen Zille, selon qui Mamphela Ramphele aurait pu contribuer à la modernisation de la vie politique sud-africaine.
Cafouillages
Cette rupture met fin à plusieurs jours de cafouillages qui ont agité l’opposition libérale au parti de Nelson Mandela. La DA avait publié vendredi un communiqué annonçant que Mme Ramphele rejoindrait ses rangs lundi lors d’une conférence de presse à Johannesburg. En effet, les statuts de la Democratic Alliance stipulent que seuls ses membres peuvent être candidats sous ses couleurs.
>> Lire aussi : Présidentielle sud-africaine : Mamphela Ramphele candidate de l’opposition contre Zuma
Cependant, Mamphela Ramphele avait rapidement réagi en précisant que le communiqué avait été publié sans son accord, et qu’elle resterait à la tête de son petit parti, Agang SA. Dans un message vidéo à ses partisans, elle continuait à parler de "partenariat" avec la DA, quand cette dernière évoquait une "intégration" des deux partis. Je reste engagée, et je suis toujours le leader d’Agang SA. L’idée était de travailler ensemble pour les élections", a tweeté Mamphela Ramphele dimanche soir, promettant des éclaircissements pour lundi.
De nombreux membres d’Agang SA avaient critiqué l’annonce de sa candidature sous les couleurs de la DA, car elle n’avait consulté que quelques hauts responsables du parti. Médecin et ancienne femme d’affaires, Mamphela Ramphele partage le même credo libéral que la DA, avec qui elle avait été longtemps en discussions avant de fonder sa propre plateforme politique, Agang SA ("construire", en langue sotho), en février 2013.
Une chance inespérée pour l’ANC
À 66 ans, la veuve de Steve Bliko est l’un des principaux opposants noirs à la toute-puissance de l’ANC. À ce titre, elle aurait aidé la DA, qui peine à se défaire de son image de "parti blanc" malgré sa popularité croissante au sein de la classe moyenne noire. Pour Mamphela Ramphele, ce partenariat représentait également une chance de rassembler un plus large électorat que celui d’Agang SA, qui a du mal à percer dans les intentions de vote.
Les élections générales sud-africaines, à l’issue desquelles le président de la république est élu par le Parlement, doivent avoir lieu au 2e trimestre de 2014. La date du scrutin n’est pas encore arrêtée. La spectaculaire désintégration de cette alliance entre les deux partis les plus en vue de l’opposition est une chance inespérée pour l’ANC. Le parti de Jacob Zuma, bien que grand favori aux prochaines élections, a vu sa popularité baisser et s’engage dans une campagne électorale plus difficile que les précédentes.
(Avec AFP)
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