Comment Facebook s’adapte à l’Afrique, où le mobile est roi
L’Afrique est un formidable relais de croissance pour Facebook. Mais le géant américain des réseaux sociaux doit s’ adapter à la demande d’accès à internet via les téléphones mobiles et faire face à la concurrence de plus en plus forte de nouvelles plateformes locales.
Depuis dix ans, Facebook a conquis les internautes du monde entier. En un simple clic, les utilisateurs du réseau peuvent partager leurs goûts musicaux, commenter la vie de leurs amis et même draguer virtuellement. Sur le continent, les usages sont les mêmes… à une nuance près. "Les Africains n’ont pas forcément accès à Internet facilement, les cybercafés sont peu nombreux et la connectivité limitée", relève Naguib Toihiri, consultant digital pour l’agence Red Blue Blur ideas (RBBi).
Mais alors que les internautes africains ne représentent que 10 % de la population, le taux de pénétration du mobile est, lui, supérieur à 40% sur le continent, avec la plus forte croissance mondiale (+ 100% entre 2008 et 2012, selon le cabinet de conseil PricewaterhouseCoopers). D’après des données de Informa Telecoms and Media, il y aurait déjà 735 millions d’abonnements mobile du fait de l’utilisation massive de la double carte SIM. Un chiffre qui pourrait dépasser le milliard avant la fin de 2015…
>> Lire aussi : l’Afrique, terre d’avenir pour Facebook
"Les grands mastodontes des réseaux sociaux ont compris qu’il était nécessaire de s’adapter au continent" pour tirer profit du marché mobile, explique Naguib Toihiri. De fait, depuis 2012, Google propose au Nigeria, au Kenya ou encore au Ghana un service d’envoi de mails par SMS, tandis que l’équipe du fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a lui aussi décidé d’ajuster son offre à la demande.
"Liker" par SMS
De la publication de statuts aux boutons "J’aime", les 54 millions d’utilisateurs africains de Facebook (source : Social Bakers) peuvent désormais partager leur quotidien en envoyant des messages textes ou accéder à des versions du site traduites en langues locales, telles le swahili, l’afrikaans ou encore l’arabe.
Une adaptation d’autant plus indispensable que le géant du web doit désormais compter sur l’arrivée de rivaux africains. "Facebook n’est plus le réseau social le plus adapté", affirme le consultant. Et l’Afrique a désormais la capacité de développer ses propres plateformes. Des espaces communautaires locaux, tels que le réseau Mxit, né en Afrique du sud, le kényan Ushahidi ou le lituanien Eskimi (dont le nombre de "fanclubs" africains vient de passer la barre des 100 000) concurrencent ainsi Facebook. Avec 50 millions d’abonnés dans 128 pays, Mxit revendique même avoir dépassé son rival américain dans certains pays comme l’Afrique du Sud (10 millions d’utilisateurs contre 5,5 millions).
>> Lire aussi : Kongo Connect, l’alter ego de Facebook "made in Goma"
Leader dans le monde entier, Facebook voit ses parts de marché rognées par des alternatives locales qui séduisent de plus en plus de monde. Face à la concurrence, le réseau social doit désormais surprendre les Africains pour se renforcer sur le marché de l’Internet via téléphnones mobiles. Une partie qui n’est pas gagnée d’avance, même quand on s’appelle Facebook.
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Émeline Wuilbercq
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