Gisèle Bedan, d’un lycée de la région parisienne au ministère centrafricain de l’Éducation

Gisèle Bedan, directrice d’une école de Bangui et assistante d’éducation dans un lycée de Mantes-la-Jolie (Yvelines), est devenue lundi ministre de l’Éducation nationale du nouveau gouvernement de transition en République centrafricaine.

Gisèle Bedan et une amie le 1er février 2014 à Paris. © AFP

Gisèle Bedan et une amie le 1er février 2014 à Paris. © AFP

Publié le 3 février 2014 Lecture : 2 minutes.

Cette élégante mère de famille de 48 ans, recrutée en septembre par Pôle emploi pour animer une maison des lycéens à Mantes-la-Jolie, à 50 kilomètres à l’ouest de Paris, n’en revient toujours pas, depuis que la présidente centrafricaine, Catherine Samba Panza, élue le 21 janvier, lui a annoncé la nouvelle par e-mail. L’agenda de Gisèle Bedan est déjà très serré : elle a énormément de choses à régler en quelques jours, avant de s’envoler pour la Centrafrique où sa nouvelle mission l’attend. "Je suis très émue ! Je n’avais rien demandé, mais c’est peut-être le moment d’apporter ma pierre à l’édifice", confiait au téléphone "madame la ministre", partagée depuis ses deux ans entre la Centrafrique et la France. 

Inconnue en France, cette femme humble et abordable est une personnalité influente en Centrafrique, ce qui explique cette nomination à première vue surprenante. Née à Bangui d’une mère enseignante et d’un père diplomate, elle a fondé en 1996 un établissement scolaire privé "à moindre coût" accueillant 980 élèves dans la capitale, et qu’elle dirige toujours. "J’ai osé cet établissement et j’ai tenu bon, cela n’a pas été facile", raconte celle qui a fait de la lutte contre l’opacité dans l’attribution des diplômes un cheval de bataille.

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Lorsque la situation du pays a dégénéré l’an dernier, Gisèle Bedan a prolongé son séjour en France et s’est mise en quête d’un emploi dans l’éducation, pour ne pas attendre "sans bouger". Elle a essuyé de nombreux refus jusqu’à ce que son CV arrive enfin sur le bureau de la proviseure du lycée Jean-Rostand. Dès leur rencontre, les deux femmes se sont appréciées. "Aider des élèves en manque de repères, leur apprendre le respect et lever les a priori, c’était un défi pour moi", assure l’ex-assistante, qui voulait "changer le regard des jeunes sur eux-mêmes et leur établissement".

"Reprendre le chemin de l’école"

Au lycée, elle s’est d’ailleurs illustrée pour son franc-parler à l’adresse de certains élèves, pas toujours commodes, quitte à les bousculer : "elle leur disait que retirer les casquettes et les capuches, c’était déjà une façon de se former à demain", relate la proviseure, Meryem Karbiche, impressionnée par cette recrue "qui n’a pas eu peur de se retrousser les manches" dans un lycée "où tout paraît difficile". "Sa nomination comme ministre, je ne suis pas étonnée ! C’est une grande dame, avec une grande classe, qui voit grand pour nos jeunes !", s’exclame-t-elle.

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À l’instar de Gisèle Bedan, Antoinette Montaigne, une conseillère municipale UMP de la commune de Bussy-Saint-Georges, également en Région parisienne, a été appelée à rejoindre le gouvernement de transition en tant que ministre de la Communication. Les deux Franciliennes intègrent une équipe gouvernementale composée de vingt ministres, dont sept femmes. À quelques jours de son départ, la ministre de l’Éducation, "meurtrie" par la guerre dans son pays, n’a pas encore de feuille de route ministérielle. Mais une priorité l’obsède : "il faut que la paix et la sécurité reviennent, pour que les enfants reprennent le chemin de l’école".

(Avec AFP)

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