Centrafrique : la Misca et l’armée française envoient des troupes à Sibut

La Misca (force africaine) a envoyé ce vendredi matin une mission à Sibut. La veille, une imposante colonne d’une cinquantaine de véhicules chargés de combattants lourdement armés avait renforcé la présence de la Séléka dans cette ville située à 180 km de Bangui.

Un soldat français à Bangui, le 30 janvier 2014. © AFP

Un soldat français à Bangui, le 30 janvier 2014. © AFP

Publié le 31 janvier 2014 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour à 12h30

Trois contingents de la Misca (camerounais, burundais et gabonais), soit près de 400 hommes, ont quitté Bangui vendredi 31 janvier au matin pour se rendre à Sibut (à 180 km plus au Nord), a appris Jeune Afrique. Cette mission est accompagnée par des soldats français et deux officiers de la Séléka. Son objectif doit permettre le déploiement dans cette ville de 120 militaires gabonais de la force africaine.

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Selon plusieurs sources, entre 500 et 1 000 hommes, notamment plusieurs "généraux" de l’ex-rébellion, s’y sont regroupés. La radio RFI rapporte que des véhicules continuent d’arriver de Bambari, Kaga-Bandoro ou de Bouca.

Jeudi 30 janvier, une imposante colonne d’une cinquantaine de véhicules, chargés de combattants lourdement armés, est entrée dans la ville. La colonne est commandée par Mamadou Rakis, ancien directeur général adjoint de la police centrafricaine de l’ex-président Michel Djotodia.

Les ex-Séléka ont chassé de la ville la cinquantaine de policiers congolais qui y effectuaient une mission de reconnaissance. Ces combattants musulmans, qui ne s’expriment qu’en arabe, ont commis mercredi des exactions contre la population de la ville qui a fui en brousse, a déclaré, sous couvert d’anonymat, une source de la gendarmerie centrafricaine.

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>> À lire aussi : Centrafrique, quel avenir pour les ex-rebelles de la Séléka ?

Selon une source diplomatique, "il y a eu une redistribution des cartes au sein de la Séléka" depuis la démission contrainte le 10 janvier de son chef Michel Djotodia, puis le départ de certains officiers vers le Tchad et le cantonnement des combattants à Bangui ces derniers jours.

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Médecins sans frontières (MSF) a signalé des événements similaires dans d’autres villes de Centrafrique où, prévient l’ONG, la crise humanitaire s’aggrave. "Des combats et des actes de représailles sont signalés entre les éléments de la Séléka et des groupes de miliciens (chrétiens) anti-balaka", affirme l’ONG, qui a déployé des équipes à Berberati (sud-ouest) et plusieurs villes du nord-ouest.

Certaines villes ont été désertées par leurs habitants, comme Bocaranga (Nord-Ouest), "une ville fantôme, vide, détruite, pillée. C’est effrayant" témoigne Delphine Chedorge, coordinatrice d’urgence pour MSF. "Les contacts que nous avons en province nous font part de violences extrêmes et de déplacements de population. La population est terrorisée".

30 morts en trois jours

À Bangui, malgré un dispositif de plus en plus étoffé au fil des semaines, les soldats français et africains ne peuvent endiguer les explosions soudaines de violences, de jour comme de nuit, ponctuées de pillages. Trente tués et 60 blessés ont été ramassés par la Croix-Rouge au cours des trois derniers jours dans les rues de Bangui, a déclaré vendredi lors d’une conférence de presse un responsable de l’organisation caritative.

Des soldats français ont directement menacé jeudi "d’utiliser la force" contre une foule de pillards qui voulaient s’en prendre à des biens appartenant à des musulmans dans le quartier de Yangato, près de l’aéroport de Bangui.

Parlant dans un mégaphone, un officier français a lancé à la foule: "Dispersez-vous ou nous utiliserons la force contre vous. Tout homme qui commet des exactions est un ennemi de la paix".

Il y a deux jours, une dizaine de combattants Séléka avaient été tués à Bangui par les soldats français, pris à partie par les ex-rebelles devant le camp militaire RDOT où ils sont cantonnés, selon une source diplomatique.



 

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